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    MOURIR D'AIMER

     

    10 JANVIER 1971

     

     

     

    mourir d aimer,1

    Réalisation

    André CAYATTTE

    Scénario

    André CAYATTE

    Albert NAUD

    Photographie

    Maurice FELLOUS

    Musique

    LOUIGUY

    Production

    FRANCO-LONDON-FILMS

    Distribution

    C.C.F.C

    Durée

    100 minutes

    Tournage

    28/07/75 - 30/09/70

    Danièle GUENOT

    Annie GIRARDOT

    Gérard LE GUEN

    Bruno PRADAL

    Le juge des mineurs

    Jean BOUISE

    M. LEGUEN

    François SIMON

    Mme LEGUEN

    Monique MELINAND

     

     

    Danielle Guenot, 32 ans, divorcée avec deux enfants, était professeur de latin-français dans un lycée de Rouen, un professeur jeune, moderne que les étudiants adoraient. Le joli mois de mai 68 fondit sur la France. Dans l'exaltation, l'enthousiasme du renouveau, Danielle et un de ses élèves, Gérard Le Guen, âgé de 17 ans, s'aperçurent qu'ils s'aimaient. Les parents de Gérard, qui se plaisaient pourtant à afficher des idées libérales, portèrent plainte pour détournement de mineur. On fouilla, on étala la vie de Danielle Guenot. L'Education Nationale la menaça d'exclusion. La justice se mit en branle : on envoya Gérard en pension ; il s'en évada. On le cloîtra dans un asile psychiatrique. On enferma Danielle Guenot en prison parmi des criminelles, des droguées, des prostituées ; elle sortit de cet enfer après que Gérard eut rejoint ses parents. Malgré les épreuves, l'amour de Danielle et de Gérard était resté intact. Ils décidèrent de lutter face à l'opinion. Tout recommença alors. Danielle retourna en prison pour un « crime » qu'elle ne comprenait pas. Et l'espoir l'abandonna peu à peu. Pourtant un procès eut lieu, qui l'amnistia. Mais les Le Guen se portèrent en cassation. Danielle réalisa que l'«affaire Guenot» qui s'ébruitait de plus en plus, ne finirait jamais. Lorsqu'on souffre, il suffit d'un malentendu pour se croire abandonnée, il suffit d'une lettre non reçue à temps pour qu'une femme moralement brisée se suicide.

     

    Pour ceux qui se plaignent de la Droite politique des années 2010, celle-ci est pourtant bien molle du genou par rapport à celle de la fin des années 60. Mai 1968 est passé par là, tout du moins à Paris et la Droite bien pensante des vieilles badernes n'a pas beaucoup apprécié la bonne blague, et le retour de manivelle, sporadique, n'en sera que plus fort. Une affaire va passionner la France malgré tous les efforts de la presse, entre autres, pour en étouffer le triste dénouement.

    Gabrielle RUSSIER une jeune professeur de lycée de 32 ans exerce dans un lycée marseillais. Professeur atypique, elle accueille parfois des lycéens chez elle, pour leur faire écouter de la musique, leur conseiller de la lecture, ce qui interpelle certains parents. Pour mai 1968 elle se rend à Paris avec certains de ses élèves dont Christian ROSSI, mineur de 17 ans pour participer aux manifestations. Les parents de Christian assistants à la faculté d'Aix sont même du voyage. Ce sont d'anciens communistes.  Durant les évènements, Gabrielle et Christian nouent une idylle et Christian refuse de revenir chez lui. Les parents vont déchainer l'enfer autour des deux amoureux. Ils portent plainte pour "détournement de mineur". L'administration, complaisante et complice, provoque l'emprisonnement de Gabrielle et Christian se fait même interner. Le Président Pompidou prend plutôt parti pour les deux, et Gabrielle est condamnée à douze mois de prison avec sursis, ce qui correspond à une amnistie. Mais le parquet fera appel, et Gabrielle se suicidera. Ce "fait divers" sera étouffé, mais certains n'abdiquent pas et l'histoire fera finalement grand bruit, et le Président Pompidou devra même la commenter.... Cette regrettable histoire est du pain béni pour André CAYATTE qui est déjà un réalisateur chevronné lorsqu'il décide d'adapter l'histoire au cinéma. Après 30 ans de carrière il compte de nombreux succès dont "Le passage du Rhin" qui un des champions du box office 1960. En 1967, " Les risques du métier" avec Jacques BREL est une brillante réussite sur un sujet très fort, et en 1969 "Les chemins de Katmandou" s'est fait également remarquer. Malgré les années, CAYATTE reste un cinéaste virulent, observateur et qui n'hésite pas à dénoncer certaines injustices sociales. Pour lui " Mourir d'aimer" n'est pas l'histoire de Gabrielle RUSSIER, mais un film imaginaire avec des personnages imaginaires qui s'en inspire largement. Son but est de dénoncer l'inadaptation des lois à l'évolution des mœurs et le cas échéant l'inhumanité de l'appareil juridique qui a jugé des pièces d' état civil et non des êtres humains.

    Alors que Gabrielle RUSSIER s'est suicidée le 1er septembre 1969, le tournage commence en juillet 1970 alors que le fait d'hiver est encore frais. Il est évident que le tournage du film dérange, et le réalisateur est victime de pressions et de menaces. Pour lui, la question ne se posait pas, Annie GIRARDOT est la seule interprète possible pour le personnage de Danièle. Annie GIRARDOT accepte immédiatement le rôle, elle attendait d'ailleurs le coup de téléphone du réalisateur. Non seulement c'est une bonne actrice, mais elle sort de brillants succès commerciaux dont "Erotissimo", "Elle boit pas, elle fume pas...." et "Les novices". Une double caution. Pour incarner Gérard, le jeune Bruno PRADAL va avoir l'occasion de jouer un rôle fort, celui d'un jeune homme enflammé. Il a 20 ans et c'est son premier rôle au cinéma.

    Le film est raconté par Danièle. Il raconte son histoire d'amour désespérée avec Gérard. Le film emprunte par bien des points des trames de "Roméo et Juliette" ou des "Dimanches de Ville d'Avray" entre autres.... L'action du film est transposée à Rouen. Danièle est innocente dans tous les sens du terme. Joyeuse, épanouie dans son travail, elle est très proche de ses élèves et n'hésite pas à les rencontrer en dehors des cours pour leur donner envie de lire... Comme beaucoup elle croit en mai 1968 et se rend aux manifestations d'étudiants. Elle est proche d'un de ses élèves, Gérard, qui est un beau jeune homme idéaliste qui fait plus que son âge... Elle vient le chercher régulièrement en voiture à la librairie de ses parents. Une belle histoire d'amour nait entre les deux. le problème c'est que Gérard est mineur. Le comportement des parents de Gérard change. André CAYATTE ne donne pas un portrait très reluisant des parents de Gérard. On est plus proche des "Thénardier" qu'autre chose. Le père, l'œil torve, est un communiste pur jus. Cependant ce "gauchiste" convaincu cache un cœur très à droite finalement. Fort antipathique, François SIMON campe un père antipathique, sans cœur, voire méchant. Monique MELINAND n'est pas en reste, n'hésitant pas à affubler Gabrielle de noms d'oiseaux si besoin est. Nos deux héros vont se retrouver dans une spirale négative dont l'issue reste incertaine. Avec candeur, Gabrielle va d'abord voir son institution se retourner contre elle, puis elle sera même incarcérée. Gérard, s'enfuit de chez ses parents et va devoir affronter l'enfer. Les deux s'aiment toujours. il pourrait tout laisser tomber, revenir chez ses parents et attendre sa majorité, mais rien n'y fait. A cet âge on est exalté, et les deux s'accrochent à leur amour. Gérard va être interné à la demande de ses parents. Mais rien ne les brise. André CAYATTE n'y va pas par quatre chemins et décrit une belle galerie d'ordures. Les soutiens sont rares. Bien sûr les lycéens sont derrière le couple. Gérard peut compter sur le juge des mineurs interprété par un Jean BOUISE très sympathique mais au pouvoir limité. Bruno PRADAL apporte sa fougue et sa jeunesse au film. Révolté, courageux il affronte la honte d'être interné. Il doit supporter d'ignobles médecins dévoués à la cause de leurs tutelles. Les injections de calmants n'y feront rien, Gérard résiste.

    Bien sûr, Annie GIRARDOT est remarquable. Sans trop en faire, elle campe son personnage avec naturel. Danièle ne comprend pas ce qu'elle arrive. Elle tente de surnager à ce qui lui arrive et qui est profondément injuste. Toute sa foi dans les institutions est détruite et elle doit supporter une infamante incarcération et un séjour prolongée chez les sœurs. Elle tentera tout de même de rester elle même dans cette incarcération, n'hésitant pas à aider ses collègues d'infortune, dont Cécile jouée par la troublante et charmante Marie Hélène BREILLAT. Elle tentera d'enseigner le goût de la lecture à ses compagnes d'infortune.

    Grâce à son avocat, Danièle croit être sortie de l'enfer. Mais le parquet ne l'entend pas de cette oreille et fait appel, ne se contentant pas d'une peine qu'il juge trop clémente. A une époque où le téléphone portable et les SMS n'existent pas, Danièle envoie une lettre à une amie afin qu'elle avertisse Gérard de son retour. Gérard n'est pas avertit à temps et Danièle se retrouve seule sur son quai de gare, se croyant abandonnée par Gérard. Saleté de PTT ! Elle se suicide et Gérard arrive trop tard à son appartement. Le film se finit sur cette note tragique, mais le dernier plan s'attarde sur le profil du visage de Danièle qui semble être partie en paix.

    André CAYATTE n'y va pas avec le dos de la cuillère et le film est clairement à charge contre les parents de Gérard et la justice française, voire l'opinion française. Les parents de Gérard sont des salauds, point barre. Le gentil coco est en fait une ordure avec un comportement de "droite".

    En prenant parti des faibles, CAYATTE va bien sûr mettre le public dans sa poche, surtout quand on peut compter sur des acteurs de ce calibre. Bruno PRADAL est excellent et fougueux, Annie GIRARDOT est juste tout simplement. Séduisante, naturelle, mais pas trop, c'est une femme normale qui va voir le sol s'entrouvrir sous ses pieds et va tout faire pour s'accrocher à ce qu'elle peut.  Une grande composition, comme d'habitude.

    Le film fait polémique et la critique est divisée. CAYATTE en ferait trop et utilise de grosses ficelles pour émouvoir le public, cependant la performance de GIRARDOT est soulignée. Bref, le film fait scandale. Sorti en janvier 1971 le film prend sans coup férir la première place du box office avec un score satisfaisant. Le bouche à oreille est fantastique et le film reste en tête du BO parisien durant quatre semaines en ne perdant pas d'entrées. Il reste dans le top 10 durant 3 mois. EN France le succès est considérable et Annie GIRARDOT touche toute la population, obtenant définitivement son statut d'actrice populaire; Le film attire 6 millions de spectateurs dans les salles, un score énorme et devient le plus grand succès de la carrière d'Annie GIRARDOT à l'instar du succès de "La vérité" pour Brigitte BARDOT. A Paris banlieue le film est largement millionnaire.

    Si Gabrielle RUSSIER voulait que sa mort serve à quelque chose, c'est réussi. Le public est très émue par le film, et il est clair que la justice va assouplir énormément le droit des parents sur des enfants mineurs dans le cas de relations sexuelles. Désormais, si le mineur est consentant, il a tout à fait le droit de vivre une histoire d'amour avec un adulte et c'est tant mieux (j'exclue évidemment toute relation ou allusion pédophile, je parle d'ados de 17 ans ...). Aujourd'hui, à 15 ans, pas mal d'ados ont déjà été bourrés, fumé du shit, et eu des relations sexuelles, ce qui n'est pas non plus la panacée.

    Témoignage d'une certaine France de la fin des années 60, André CAYATTE a gagné son pari et va poursuivre dans sa verve des films à polémiques et Annie GIRARDOT deviendra son inséparable complice avec plus ou moins de bonheur pour 4 nouveaux films.

    GIRARDOT superstar en France et en Europe où le film a bien fonctionné, surtout en Espagne, va poursuivre son parcours triomphant dans ces années 70 qui seront les siennes.

    Le cinéma français entame une décennie remplie de films forts et qui feront scandale. D'ailleurs quelques semaines après la sortie de "Mourir d'aimer", le cinéma français connait un nouveau scandale avec "Le souffle au cœur" de Louis MALLE. Une bien belle période où le cinéma français osait beaucoup...

    Un remake télévisé de "Mourir d'aimer" sera diffusé en 2009. Réalisé par l"inévitable Josée DAYAN, c'est Muriel ROBIN qui interprète Danièle. Le résultat sera très inférieur au film, il n'est pas vraiment raisonnable de se comparer à Annie GIRARDOT. Il y a des acteurs qui tuent un rôle et qui sont irremplaçables....   

                              

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

    3

    5 912 428

     

    ENTREES PARIS

     

    700 628

     

    ENTREES BANLIEUE

     

    470 469

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

    1 171 097

     

     

     

     

     

    1ère semaine

    1

    71 753

    6

    2ème semaine

    1

    74 945

     

    3ème semaine

    1

    70 579

     

    4ème semaine

    1

    62 268

     

    5ème semaine

    2

    70 108

     

    6ème semaine

    2

    53 808

     

    7ème semaine

    4

    43 521

     

    8ème semaine

    3

    37 242

     

    9ème semaine

    4

    31 598

     

    10ème semaine

    5

    23 219

     

    11ème semaine

    9

    23 030

     

    12ème semaine

    9

    24 110

     

    13ème semaine

    16

    12 980

     

    Nombre de semaines Paris

     

    18

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    11 959

     

    Budget

     

     

     

    Box office annuel Espagne

     

    2 021 759

     

    Box office annuel Italie

    45

     

     

    Cote du succès

     

    * * * * *

     

     

     

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