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LE JEU AVEC LE FEU
19 FEVRIER 1975
Réalisation
Alain ROBBE-GRILLET
Scénario
Alain ROBBE-GRILLET
Photographie
Yves LAFAYE
Musique
Michel FANO
Production
Georges DYBMAN
ARCADIE PRODUCTIONS
Distribution
UGC / CFDC
Durée
110 minutes
Tournage
Frank / Francis
Jean Louis TRINTIGNANT
Georges de SAXE
Philippe NOIRET
Carolina
Anicée ALVINA
Maria
Agostina BELLI
Diana
Sylvia KRISTEL
Christina
Christine BOISSON
Le banquier Georges de Saxe, veuf et riche, apprend qu'on vient d'enlever sa jeune fille Caroline.
Or, Caroline est encore dans sa chambre; il y a eu erreur sur la personne, une autre victime a été kidnappée à la place...
Comment expliquer alors la carte postale écrite de la main de Caroline, en possession des gangsters ?
Carolina se souvient...Au cours d'un embouteillage, elle avait, par jeu, griffoné cette carte pour un jeune inconnu: Francis. Georges demande à un détective de protéger sa fille. Ce détective, Franz, est en réalité Francis. Il suggère de mettre Catherine en sécurité dans la maison de plaisir d'Erica. Dans ce Marienbad du plaisir, les pensionnaires sont soumises à toutes sortes de sévices: flagellation, déshabillages humiliants, cérémonies érotiques....
Carolina reçoit la visite de clients qui ressemblent à son père...Georges accepte de payer la rançon. Un scénario subtil est mis au point pour échapper à la police.
Mais en fait, nous apprenons que le rapt de Carolina avait été mis au point par son père, qui, proche de la banqueroute, avait besoin d'argent d'urgence. Il se suicide et Carolina part avec Francis.
Jean-Louis TRINTIGNANT entame l'année 1975 en retrouvant Alain ROBBE GRILLET pour un troisième film avec lui. L'auteur a atteint une belle notoriété avec ses livres, mais il et vrai qu'au niveau du box office, ce n'est pas un réalisateur très commercial. Cependant l'auteur bénéficie d'une côte certaine avec la critique cinématographique. De plus Jean-Louis TRINTIGNANT est au top de sa popularité et l'apport de Philippe NOIRET semble garantir le succès. Les deux acteurs se retrouvent un an après "Le secret", mais ils n'ont que très peu de scènes en commun.
On le sait, l'écrivain est très interessé par l'érotisme et avouait des penchants pour le sado-masochisme. L'époque est bonne pour présenter un film qui montre des scènes explicites. C'est que depuis 1972, "Le dernier tango à Paris" ou "Emmanuelle" il est possible de filmer des scènes contenant de la nudité, ce qui n'était pas encore possible en 1967.
Le principal problème du film provient d'un constante dès lors qu'un intellectuel veut réaliser un film contenant des scènes érotiques, on ne sait jamais si on a affaire à un film érotique ou à un film intello qui contient des scènes érotiques. Un peu comme si les réalisateurs n'osaient pas assumer leur envie de faire un film érotique. Ce coté inassumé donne une impression d'avoir toujours le cul entre deux chaises (si j'ose dire).
Afin d' être en accord avec sa réputation de cinéaste avant gardiste, ROBBE GRILLET s'amuse à brouiller les pistes. Le film commence avec l'enlèvement brutal d'une jeune femme supervisé par un Jean-Louis TRINTIGNANT qui arbore pour le coup une affreuse moustache. SI j'ai bien compris les chroniqueurs du film de l'époque, l'auteur tourne en dérision les formes traditionnelles du récit cinématographique (bigre!) et malmène les habitudes de perception et s'en prend à l'illusion réaliste (fichtre !)
Le film prend donc une trame dramatique, soit le faux vrai enlèvement de la fille d'un riche industriel qui va se suicider lorsqu'on découvre qu'il était l'organisateur du rapt de sa fille.
Sur cette trame, on s'amuse a déconcerter le spectateur en jouant sur des doubles voire triples rôles. Les identités se mélangent, les acteurs changent d'apparence. Philippe NOIRET apparait sous les traits du banquier, mais aussi comme client de la maison de plaisirs où se trouve sa propre fille. Jean-Louis TRINTIGNANT possède aussi plusieurs identités et il apparait à la fin que tout ceci n'était pour lui, qu'une manière de pouvoir vivre avec sa dulcinée.
A tout ceci le réalisateur insère des scènes érotiques et profite de la beauté d'un casting de jeunes actrices superbes. Bien sûr Anicée ALVINA distille un trouble certain lié à la fragilité. Une actrice charmante (disparue trop tôt, hélas) et docile. Le réalisateur se permet de proposer un petit rôle à la célébrissime Sylvia KRISTEL, soit "Emmanuelle" en personne. Le spectateur peut aussi contempler l'imparable beauté de Christine BOISSON, sublime, et de Agostina BELLI qu'on ne présente plus, une des plus belles actrices italiennes.
Cependant, malgré la présence de ces filles superbes, les scènes érotiques, sont froides, morbides, il n y a rien de joyeux dans les scènes sado-masochistes que le réalisateur semble vouloir mornes, ternes, cliniques. Il n y a rien de pire qu'un réalisateur qui n'assume pas....
Le film est donc un assemblage étrange de scènes destructurées qui lorgne sur plusieurs genres. Le résultat peut susciter l'adhésion ou bien un désintérêt du spectateur qui préfèrera se focaliser sur la plastique des jeunes actrices.
L'ensemble a quand même bien vieilli.
Jean-Louis TRINTIGNANT semble bien s'amuser. il change d'apparence tout au long du film et peut être à la fois cruel et charmant. Son entente avec le réalisateur lui permet de sauver quelque peu le film. Philippe NOIRET qui est toujours prêt à expérimenter avec un réalisateur qui prend des risques, semble peu crédible. Le film n'a pas la force de "La grande bouffe" et on se demande ce qu'il vient faire dans cette galère SM....
Mention bien aux actrices, dont Anicée ALVINA égérie des réalisateurs depuis "Le rempart des beguines"...Dommage que les réalisateurs ne l'aient pas utilisée en dehors de ses qualités plastiques....
Le film bénéficie d'une bonne photographie et de beaux décors.
La critique apprécie le film, et un nombre correct de salles lui permet d'envisager une bonne exploitation. Le film sort à aris et atteint la troisième place du box office parisien, un résultat moyen. Aprsè une seconde semaine correcte, le film s'effondre rapidement. En France, le film atteint péniblement les 350 000 entrées, un score forcément décevant qui va rendre rare les nouvelles réalisations de ROBBE-GRILLET qui resteront cependant classieuses et appréciées des critiques.
L'échec du film n'aura pas de conséquences pour les deux principaux acteurs. TRINTIGNANT tourne dans "Flic story" et NOIRET va voir "Le vieux fusil" triompher....
Merci à Fabrice pour le chiffre France !
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
350 606
ENTREES PARIS
ENTREES BANLIEUE
TOTAL PARIS BANLIEUE
(source Le Film Français)146 773
1ère semaine
3
47 365
16
2ème semaine
4
36 712
3ème semaine
13
20 466
Nombre de semaines Paris
7
Moyenne salles Paris 1ère sem
2 971
1er jour Paris
6 930
Budget
Box office annuel Espagne
Box office annuel Allemagne
Box office annuel Italie
Cote du succès
*
Etant donné le caractère explicite du film, les photos du film sont présentes dans la section Jean-Louis TRINTIGNANT.
Voici le lien sur la fiche complète
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