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LE NOM DE LA ROSE - BOX OFFICE SEAN CONNERY 1986
LE NOM DE LA ROSE
17 DECEMBRE 1986
Réalisation
Jean-Jacques ANNAUD
Scénario
Gérard BRACH
Alain GODARDPhotographie
Tonino DELLI
Musique
James HORNER
Production
ARIANE
CRISTALDI FILMS
NEUE CONSTANTINDistribution
AAA
Tournage
11/11/1985-20/03/1986
Durée
131 minutes
Guillaume De Baskerville
Sean CONNERY
Adso de Merk
Christian SLATER
Bernardo Gui
Francis Murray ABRHAM
L'abbé
Michael LONSDALE
Salvatore
Ron PERLMAN
Jorge
Feodor CHALIAPIN JR
La fille
Valentina VARGAS
En l'an 1327, le moine franciscain Guillaume de Baskerville, accompagné d'un jeune novice, Adso de Melk, arrive dans une abbaye bénédictine, quelque part dans une vallée alpine. Il est amené, grâce à son sens logique, à enquêter sur la mort étrange d'un moine. Guillaume se heurte au silence des Bénédictins et à leur foi intolérante. Malgré tout, l'enquête avance; mais un autre moine meurt, assassiné. De son côté, Adso découvre l'amour avec une jeune paysanne. Guiliaume de Baskerville est persuadé que le secret de l'énigme réside dans le scriptorium, salle où les moines copient les manuscrits, et les livres cachés dans une tour à l'accès jalousement gardé par le moine Bérenger, torturé par le péché de chair. Bérenger est d'ailleurs, après avoir dérobé un livre, retrouvé mort dans un bassin, un doigt et sa langue sont noirs. Un nouvel obstacle se dresse devant Guillaume avec la venue de Bernardo Gui, prêtre de l'inquisition. Sur son ordre, la jeune fille, Salvatore, le bossu simple d'esprit et son maître, sont arrêtés et condamnés au bûcher après une parodie de procès. Guillaume est sur le point de dénouer le mystère après sa visite dans la bibliothèque située dans la tour-labyrinthe. L'objet du " Mal" est ce volume, tant convoité, de la Poétique d'Aristote qui défendait le rire... blasphématoire pour les Bénédictins et le vieux moine Jorge de Burgos, qui était allé jusqu'à empoisonner les pages du livre païen. Dans la tour en flammes Guillaume et Jorge de Burgos s'affrontent. Guillaume parvient à s'échapper du brasier. Les paysans sauvent la jeune fille et renversent la voiture de l'inquisiteur qui périra atrocement. Au petit matin, Guillaume et Adso reprennent la route. Adso, apercevant la jeune fille, hésite. Il rejoint cependant Guillaume qui veut faire de lui un homme cultivé.
Jean-Jacques ANNAUD a parfaitement réussi son pari avec "La guerre du feu" qui a été un succès international. IL prend son temps pour choisir un nouveau projet forcément ambitieux. En Guadeloupe il a vent de la prochaine parution d'un roman d'Umberto ECO au thème très intéressant et demande à un ami de lire les épreuves pour lui. Emballé, il décide d'acheter les droits du roman mais la RAI l'a devancé. Bien décidé à réaliser le film il va convaincre la RAI de lui laisser les droits, car la chaîne de télévision italienne compte en faire une série. ANNAUD a pu compter sur l'approbation de l'auteur, car ANNAUD lui promet un budget de 7 millions de dollars pour un film de deux heures. Et un film c'est toujours mieux qu'un feuilleton. La RAI fera bien sûr partie prenante de la coproduction. Car c'est bien la coproduction qui devient très compliquée. Après bien des discussions le film devient une coproduction assez complexe avec sa majorité allemande (Neue Constantin pour le plateau et les risques) et des participations américaine (Fox), britanniques (Embassy et Goldcrest), italiennes (Franco Cristaldi et la RAI) et françaises enfin (Ariane et AAA). Ce montage qui permet au réalisateur de bénéficier d'une enveloppe très confortable pour l'époque de 19 millions de dollars, ce qu'une production française classique n'aurait jamais pu être en mesure de financer.
ANNAUD peut donc préparer le tournage avec toute sa minutie habituelle: " J’ai épuisé deux scénaristes, Alain Godard puis Gérard Brach. Ensuite pour les traductions sont intervenus l’Américain Howard Franklin et l’Anglais Andrew Birkin qui d’ailleurs joue dans le film un Franciscain fanatique, Cuthbert de Winchester. Pour tous, le 1er travail consistait à devenir familier avec les sources de l’auteur et à comprendre les raisons qui l’avaient amené à écrire ce roman. Ce qui impliquait de relire Voltaire (”Za-dig”), Victor Hugo (”Notre Dame de Paris”), tout Conan Doyle, Pon-son du Terrail (pour le personnage de Rocambole), des textes majeurs de Huysmans et de Viollet Le Duc et bien sûr l’œuvre de l’immense médiéviste qu’est Jacques Le Goff, le dieu d’Umberto Eco." (propos de JJ ANNAUD puisés sur son site).
La préparation du film se fait dans le même souci d'authenticité : " Tous les objets, des bijoux aux astrolabes, tous les meubles, des lutrins aux candélabres ou aux couronnes de lumières copiées sur celles de Périgueux, tous les manuscrits enluminés, ont été dessinés, soumis à l’approbation de Jacques Le Goff puis fabriqués à l’ancienne par des artisans. Nous n’avons utilisé que des bois qui l’étaient au Moyen-âge, du fer et non de l’acier, des teintures végétales et non des colorants chimiques, des parchemins et non des photos, et nous avons même fini par trouver des cochons noirs ! Alors bien sûr on peut s’interroger sur ce souci d’authenticité, cette volonté d’obtenir le meilleur des meilleurs."
Concernant les décors même son de cloche "Sur trois mille dessins qui lui ont été soumis, l’équipe de Jacques Le Goff n’en a rejeté que cent... c’est dire comment il avait travaillé ! Je dois reconnaître que Dante n’était pas absolument ravi de devoir les refaire, qu’il a argumenté sur le thème “le cinéma, c’est l’imagination” et qu’à trop de précision on risquait l’académisme."
Après tous ces préparatifs, reste à trouver le casting adéquat. Sean CONNERY qui a entendu parler du film désire obtenir le rôle principal. Une rencontre entre lui et le réalisateur sera concluante. ANNAUD est enthousiaste, mais pas vraiment les producteurs. En dehors de "Jamais plus jamais" où il a repris le rôle de James BOND, l'acteur ne vaut pas tripette en Europe. C'est un has been qui ne rapporte plus un kopeck depuis des lustres. De plus sa pige en guest-star de luxe dans "Highlander" n'est pas rassurante. Un second rôle dans un film fantastique avec Christophe LAMBERT ne vaux rien qui vaille, surtout que le film sortira sur les écrans qu'après le tournage du "Nom de la Rose". Bref, pour eux, Sean CONNERY en dehors d'un BOND c'est le bide assuré...
Concernant Adso, ANNAUD va choisir un jeune inconnu de 14 ans Christian SLATER parmi une meute de jeunes acteurs qui lui ont été présenté. C'est le caractère disons original de ce jeune homme qui lui a plu. Un bon choix rétrospectivement parlant.
Pour le rôle du vilain, il fera appel avec Francis Murray ABRAHAM, acteur génial révélé par "Amadeus" où il jouait l'inoubliable SALIERI, "l'ennemi" de Mozart, une prestation tout à fait remarquable. Une nouvelle fois il interprète une belle crapule bien antipathique.
D'autres très bons acteurs sont présents: l'énigmatique Michael LONSDALE joue l'Abbé qui appelle Guillaume à la rescousse, Ron PERLMAN après une prestation remarquée dans "La guerre du feu" va retrouver un rôle hors du commun, d'ailleurs le réalisateur va compter sur beaucoup d'acteurs "à tronche" pour composer des personnages très particuliers qui occupent l'abbaye.
La jeune Valentina VARGAS débute à l'écran dans le rôle d'une jeune femme un peu sauvage, très authentique, qui va accepter de maigrir et de laisser se développer sa pilosité naturelle. malgré tout elle reste très belle et va avoir un rôle très important dans la vie du jeune Adso.
Le film proprement dit est épatant dans son concept et accessible au plus grand nombre. L'intrigue policière sera menée par Guillaume de Baskerville et son jeune assistant Adso. Tout le monde a bien sûr compris que ces personnages sont Les Sherlock Holmes et Watson du 14ème Siècle. Dès le début le spectateur est immergé dans une atmosphère sombre, pesante, rehaussés par une musique envoutante et inquiétante du grand James HORNER. Si Guillaume apparait comme une personne sensée, rassurante et bien sûr très intelligente, son jeune élève Adso est assez troublé par la galerie de personnages qui habitent l'abbaye. Chacun possède sa personnalité forte mais parfois troublante. En dehors de Jorge le vieux moine aveugle terriblement réfractaire à l'enquête de Guillaume, voire même à sa présence, la palme revient à Salvatore sorte de Quasimodo simple d'esprit et constituant ses phrases d'un assemblage de diverses langues. Si Ron PERLMAN est génial, le rôle n'est pas vraiment une ode à son physique, déjà que son rôle d'homme préhistorique n'était pas piqué des vers. Il faudra longtemps pour découvrir le vrai visage de l'acteur.
Si Guillaume de Baskerville est appelé pour résoudre une série de meurtres au sein de l'abbaye, il cherche en parallèle à son enquête quelques fameux livres dont il soupçonne l'existence cachés au sein de l'abbaye. Ces deux enquêtes s'avèrent passionnantes. Adso va se faire surprendre par une jeune paysanne qui est introduite au sein de l'abbaye par Salvatore pour des choses pas très catholiques, d'ailleurs les choses pas très catholiques ne manquent pas dans l'abbaye. Elle viole carrément Adso, qui découvre l'amour. Perturbé, il se confie à Guillaume qui s'avère sage et compréhensif, c'est un vrai père pour lui. Ils trouvent la bibliothèque sacrée, mais le temps presse. Les inquisiteurs sont dans les murs et les problèmes surviennent pour Guillaume qui va devoir révéler son lourd passé à Adso. Redoutable inquisiteur, Bernardo Gui va sacrifier quelques innocents sur l'autel du mal et va tenter de perdre Guillaume par la même occasion. Alors que le bûcher est en action, il va trouver enfin le livre tant recherché qui traite du "rire", mais aussi le plus ardent des ennemis du livre. Guillaume et Adso s'en iront vers leur destin. Comme dans tout bon film, le méchant meurt à la fin...
Jean jacques ANNAUD livre sans doute son meilleur film, totalement inspiré. La reconstitution minutieuse des décors transporte littéralement le spectateur à cette époque obscure. Les personnages dérangent le spectateur qui est souvent mal à l'aise. En dehors de l'enquête sympathique, le film propose une réflexion philosophique sur la culture et l'obscurantisme. La photographie est superbe et les scènes tournées dans l'obscurité renforcent l'immersion dans cette époque trouble.
Au niveau de l'interprétation Sean CONNERY trouve l'un de ses meilleurs, voire son meilleur rôle. Arborant son aspect définitif à l'aube de sa troisième partie de carrière, soit une barbe blanche et le crâne dégarni, il dégage une sérénité due à sa maturité. Rassurant, espiègle, malin mais aussi très drôle il livre une composition de haute volée dont il a le secret. Le reste de la distribution n'est pas en reste, et Christian SLATER qui débute une bonne carrière n'a jamais été aussi bon (ce qui est embêtant à bien y réfléchir). On ne reviendra pas sur Francis Murray ABRAHAM qui compose une crapule anthologique. Bref, le film est brillant, reste à savoir comment le public le recevra.
Le film part sur de bons augures. Dès la fin du tournage, "Highlander" sort sur les écrans et cartonne en France. Sean CONNERY y éclipse Christophe LAMBERT et le public salue la performance de l'écossais qui connait un beau succès malgré un second rôle. C'est tout bon pour "Le nom de la rose" qui bénéficie de ce regain d'intérêt pour l'acteur. Le film sort pour les fêtes de fin d'année 1986, mais sera en concurrence avec un terrible cador : "Les fugitifs" troisième et dernier film du trio VEBER / DEPARDIEU / RICHARD. Malgré de très bonnes critiques, le film sera battu pour la première place par le VEBER. Mais les deux se battent farouchement à coups de centaines de milliers de spectateurs. "Le nom de la Rose" ne fait pas moins de 600 000 spectateurs à Paris en 3 semaines, et va s'emparer de la première place du Box Office parisien dès le début de l'année 1987. Bénéficiant d'un bouche à oreille très important le film va poursuivre une brillante carrière qui va lui permettre d'atteindre les 5 millions de spectateurs France. Sean CONNERY est célébré et le public français s'entiche de l'acteur, le redécouvre. C'est son plus gros succès personnel depuis...James BOND. Autre très grande nouvelle le film triomphe en Italie, bien sûr, où il prend la première place du Box Office annuel. L'Allemagne offre également un triomphe au film qui prend également la première place du Box Office annuel. Le succès est total en Europe, mais hélas la sauce ne prend pas en Angleterre ni aux USA où le film ne passe pas le cap du succès d'estime. Ceci dit, au vu de la production US de l'époque... Le film récolte tout de même 77 millions de dollars de recettes mondiales pratiquement uniquement sur l'Europe. Le film est largement bénéficiaire et Jean Jacques ANNAUD devient le réalisateur français le plus en vue. Seul bémol, une polémique va éclater. L'académie des Césars considère le film comme une production étrangère. Il obtient donc le César du meilleur film étranger, ce qui est une hérésie.
Sean CONNERY est revenu au top, par la grande porte et n'est plus un has been. En deux films il a réuni plus de 9 millions de spectateurs en 1986 rien que pour la France. Hélas aux USA le film ne lui a pas profité. Peut être la roue va-t-elle tourner car Brian DE PALMA qui le veux absolument, l'embauche pour tourner dans "Les incorruptibles" l'adaptation cinématographique de la célèbre série des années 60.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
4 953 133
ENTREES PARIS
1 384 242
1ère semaine
2
215 105
35
2ème semaine
2
249 383
3ème semaine
2
194 912
4ème semaine
1
115 855
5ème semaine
1
93 412
6ème semaine
2
93 859
7ème semaine
3
68 488
8ème semaine
6
49 576
9ème semaine
11
31 106
10ème semaine
12
27 836
BOX OFFICE USA
7,1 M$
1ère semaine
13
700 000 $
42
2ème semaine
16
500 000 $
45
3ème semaine
12
406 000 $
44
4ème semaine
13
387 406 $
63
5ème semaine
12
961 000 $
151
6ème semaine
12
787 000 $
176
7ème semaine
14
693 000 $
147
Nombre de semaines Paris
74
Moyenne salles Paris 1ère sem
6 146
1er jour Paris
24 483
1er jour Paris 14 heures
6 146
Budget
17 M$
Recettes Mondiales 1986
77 M$
Box office annuel Allemagne
1
5 896 891
Box office annuel Espagne
2 179 322
Box office annuel Italie
1
meilleure position box office UK
5
Cote du succès
* * * * *
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Commentaires
2RenaudMercredi 29 Mai 2013 à 02:53Merci pour votre commentaire. Je serai ravi que mon modeste blog vous accueille de nouveau.
à Steforce.
Oui c'est vrai mis à part l'énorme succès commercial de "L'ours", JJ ANNAUS n'a jamais retrouvé le film qui fait l'unanimité. Perso, j'apprécie "7 ans au Tibet" qui est portant lynché par la critique. "Stalingrad" est bien également. "L'amant" m'a beaucoup ennuyé.
Le concept de votre analyse est extrèmement intéressant, tout comme le concept même de ce blog. Je prendrai le temps d'argumenter à travers d'autres.
Bonne continuation d'ici la !
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Un must ! Probablement le meilleur film de Jean-Jacques Annaud et le meilleur rôle de Sean Connery. Le propos, la mise en scène, la musique tout est peaufiné et réussi. Le film dégage une maîtrise et une cohérence comme on en rencontre peu. On se dit à ce moment qu'il y a du Lean et du Visconti chez le réalisateur français qui ne confirmera qu'à moitié. En étant parfois, selon moi, surestimé (l'amant) et d'autres fois sous-estimé (Stalingrad). Personnellement j'apprécie beaucoup la personnalité de Umberto Eco qui est un érudit que j'ai toujours plaisir à écouter et à lire. D'autres oeuvres de l'italien mériteraient une grande adaptation.