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Par Renaud SOYER le 1 Juin 2015 à 20:38
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LE TELEPHONE ROSE
15 OCTOBRE 1975
- Réalisateur : Édouard Molinaro
- Assistant réalisateur : Philippe Monnier
- Scénario, adaptation et dialogues : Francis Veber
- Musique : Vladimir Cosma
- Montage : Robert et Monique Isnardon
- Production : Gaumont International et production 2000
- Producteur : Alain Poiré
- Durée : 95 minutes
- Mireille Darc : Christine
- Pierre Mondy : Benoît Castejac
- Françoise Prévost : Françoise Castejac
- Michael Lonsdale : Morrison, président du groupe américain Fielding
- Daniel Ceccaldi : Maurice Levêgue, directeur des relations publiques
- Gérard Hérold : Jacques Delorme
- Raoul Curet : Le vendeur de chez Cartier
- Robert Dalban : Lartigues
A Toulouse, Benoît Castejac vit ses derniers jours de propriétaire-directeur d'usine. Une importante société américaine, la Fielding, va racheter l'entreprise et lui donner un sang nouveau grâce à un apport de capitaux, une gestion moderne et des cadres dynamiques. La concurrence, l'augmentation du prix des matières premières et les revendications de salaires ont eu raison de la bonne volonté et du paternalisme de Benoît qui, pour l'heure, monte à Paris signer le protocole d'accord avec le P.D.G. de la Fielding: Morrison. A sa descente d'avion, Benoît est accueilli par un chauffeur qui le conduit immédiatement dans un palace où une suite lui a été réservée. Là, il rencontre, au cours du dîner organisé par Morrison, Christine, la prétendue nièce de Levêque, le chargé des relations publiques de la Fielding. Benoît ne se rend pas compte qu'il est la risée de ses hôtes et que tout a été soigneusement préparé pour le mettre dans de bonnes dispositions afin de faciliter la passation des pouvoirs. Devant la prévenance de Morrisson, Benoît signe en confiance le contrat de vente et retourne à Toulouse où la situation est préoccupante en raison d'une grève des ouvriers. Benoît ne parvient pas à résoudre les difficultés malgré la gentillesse de sa femme et l'aide précieuse que lui fournit un jeune ingénieur de la Fielding. Obsédé par le souvenir de Christine, il prétexte des séjours à Paris. Devant ces absences répétées, son épouse menace de le quitter, mais Benoît n'en a cure; amoureux, il ne songe plus qu'à retrouver la jeune femme dont il ignore encore la réelle activité. La vérité vient le frapper durement un peu plus tard. Estimant qu'il a travaillé pour rien, que ses efforts n'ont pas abouti et que sa vie est gâchée, Benoît choisit de tout abandonner pour suivre Christine, la prostituée, partout où elle ira.
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Il y a un malentendu avec "Le téléphone rose". Présenté à l'époque comme un parfait exemple de mauvais goût de la comédie française, une ode à Madame CLAUDE et une représentation typique de la société "franchouillarde" de l'époque, le film se fait éreinter par la critique. Cruelle erreur, le film est une des meilleures comédies de l'année. Car soyons francs, même si le film est réalisé par Edouard MOLINARO , il s'agit bien d'un film pur jus de Francis VEBER au top de sa forme dans ces années 70.
Edouard MOLINARO a déjà bénéficié des talents de l'auteur avec "L'emmerdeur" gros succès de la saison 1973. Une fois encore il n'a qu'à placer sa caméra pour mettre en scène la terrible mécanique scénaristique de VEBER sans compter des dialogues plaqués or. Il serait tentant de présenter Benoît CASTEJAC comme un représentant des "cons", communauté souvent brocardée par VEBER. Non, CASTEJAC est plutôt un homme bon et naïf qui est confronté à un monde de requins qu'il ne connaît manisfestement pas. C'est un bon patron d'une PME de province, un homme fidèle, sans histoires qui aime ses salariés et qui doit affronter la crise (déjà)et monte sur Paris pour signer avec "les américains". A l'époque le capitalisme dévoreur d'entreprises françaises était représenté par les USA, alors qu'aujourd'hui pas grand chose n'a changé mis à part qu'il s'agit de la CHINE ou des pays de l'EST. Ce brave type est parfaitement joué avec grand talent par un Pierre MONDY tout auréolé de ses succès avec Robert LAMOUREUX. Il sera parfaitement entouré de grands acteurs bien connus dans les 70's. Le patron américain est joué par un Michale LONSDALE magistral. L'acteur qui prend un accent des plus prononcés, gère pragmatiquement l'affaire. Cynique, condescendant envers CASTEJAC et les français en général, qu'il ne peut pas sacquer il peut compter sur deux comparses: le très classe et très regretté Gérard HEROLD qui interpète le jeune ingénieur de polytechnique qui supervisera l'usine de CASTEJAC. Discret, il subit les invitations au restaurant de CASTEJAC alors qu'il ne supporte pas le cassoulet et recueille les confessions de CASTEJAC sur la "nièce" de LEVEGUE. Il finera pas coucher avec la femme de CASTEJAC ce qui lui vaudra un exil dans les entreprises Allemandes après un discours des plus secs et des plus cassants de Michael LONSDALE. C'est le très cher Daniel CECCALDI qui interprète LEVEGUE, le Directeur des relations publiques. Veule, sournois, mais très poli, il se fournit en jolies femmes chez la célébre Madame CLAUDE, figure maquerelle des années 70 des soirées parisiennes. Son choix se portera sur Christine, la pute de luxe, qu'il présentera à CASTEJAC comme sa nièce. Evidemment, CASTEJAC en tombe éperdument amoureux.
Très très classe, Mireille DARC représente donc la prostituée idéale, classe,insaisissable...
Contrairement aux autres, elle ne prend pas CASTEJAC pour un couillon. Tout au plus sourit-elle à l'évocation de ses "exploits sexuels" et de l'histoire plombante de son entreprise. C'est une pro, une femme libre. Elle remet à sa place LEVEGUE lorsque celui-ci se montre trop entreprenant.
CASTEJAC pique sa crise d'adolescence et passe pour un con envers ce joli monde. Ecrasé par MORRISON, il est toujours filmé en contreplongée par MOLINARO et parait toujours faire 50 centimètres de moins que LONSDALE. Il provoque sa rupture avec sa femme.
CASTEJAC est cependant sincère et attire la sympathie de Christine habituée aux déviants et pervers qu'elle rencontre. De plus il ne possède aucune once de cynisme. Elle finit par s'ouvrir à lui et tente de le remonter. Alors qu'il s'accroche désespérement, elle le jette sévèrement pour finalement le rejoindre non sans l'avoir traité de "pauvre con", une phrase que n'aurait pas renié notre Président actuel. Le candide a finalement gagné et il remporte la blonde !
Il faut tout le talent de Mireille DARC pour interpréter cette prostituée jamais vulgaire, toujours classe. VEBER lui a écrit un rôle sur mesure, un des derniers grands rôles qu'elle obtient d'ailleurs.
Une très grand comédie qui pourrait toujours être d'actualité, seule Madame CLAUDE fait partie d'un passé révolu. Un grand VEBER servi par une belle musique de Vladimir COSMA.
Candidat aux cartons de fin d'année le film se heurte à une sévère concurrence, entre le nouveau BELMONDO et "La course à l'échalotte" de Claude ZIDI.
Le film n'obtient que la 4ème place du box office parisien à sa sortie, mais le bouche à oreille est bon, et le film ne va pas perdre d'entrées durant trois semaines. Malheureusement en France le film ne passe même pas le million d'entrées. Un résultat en demi teinte qui va convaincre VEBER de passer à la mise en scène, on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même. Heureusement le film a largement été diffusé à la télévision avec succès.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
954 915
ENTREES PARIS
326 557
1ère semaine
4
63 629
18
2ème semaine
3
60 189
3ème semaine
4
57 362
4ème semaine
5
54 381
5ème semaine
8
31 714
6ème semaine
12
21 919
Nombre de semaines Paris
12
Moyenne salles Paris 1ère sem
Box office 1er Jour
Box office annuel FRANCE
Box office annuel Espagne
183 695
Box office annuel Italien
Cote du succès
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