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Par Renaud SOYER le 20 Février 2015 à 16:50
CADAVRES EXQUIS
26 MAI 1976Réalisation
Francesco ROSI
Scénario
Tonino GUERRA
Francesco ROSIPhoto
Pasqualino DE SANTIS
Musique
Astor PIAZZOLA
Production
Alberto GRIMALDI
Distribution
Artistes Associés
Durée
127 minutes
Tournage
Inspecteur ROGAS
Lino VENTURA
Le Président de
la Cour SuprêmeMax VON SYDOW
Ministre de l'intérieur
Fernando REY
Le chef de la Police
Tino CARRARO
Le paresseux
Marcel BOZZUFI
Le juge Rasto
Alain CUNY
Procureur Varga
Charles VANEL
Le commissaire de Police
Renato SALVATORI
Le vieux procureur Vargas est assassiné quelques instants après être sorti des catacombes où il venait de se livrer à la méditation. L'inspecteur Rogas, chargé de l'enquête, assiste à ses grandioses funérailles, lesquelles sont troublées par des manifestations de jeunes gens venus dénoncer l'administration corrompue de la cité. En moins d'une semaine, en des lieux proches, deux autres magistrats sont tués dans des circonstances analogues. Tous deux sont pareillement jugés corrompus. En désaccord avec son supérieur, qui estime que le coupable est assurément un déséquilibré, Rogas émet l'hypothèse de la vengeance d'un homme injustement condamné. D'autres incidents, tout aussi troublants, finissent par le convaincre que ses supérieurs, en complicité avec les chefs des forces armées, se trouvent impliqués dans une vaste conjuration contre l'Etat et que Crès n'a été entre leurs mains qu'un instrument. Par un ami d'enfance, Cusan, journaliste marxiste, Rogas parvient à obtenir un entretien avec le secrétaire du parti communiste qu'il tient à informer immédiatement. Rendez-vous est pris dans une salle du musée de la ville. C'est là que les deux hommes seront abattus.
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1976 est une très belle année cinématographique que ce soit du coté des réalisateurs ou des acteurs solidement établis tels BELMONDO, DELON, GIRARDOT et bien sûr Lino VENTURA.
Le cinéma américain ainsi que le cinéma français traversent une belle période artistique mais n'oublions pas le cinéma espagnol et bien sûr le cinéma italien. Francesco ROSI est l'un des plus fameux réalisateurs de ce cinéma transalpin qui entre comédies grasses ou coquines est capable de proposer quelques brulots politiques de haute volée.
"Cadavre exquis" est d'autant plus intéressant qu'il propose Lino VENTURA en tête d'affiche, un acteur exigeant qui n'hésite pas à prendre des risques quitte à subir quelques échecs comme "La cage" en 1975. Mais Lino VENTURA reste sur le bon succès de "Sacré poulet" et prouve que le public est au rendez-vous quand il endosse l'imperméable d'un policier. Ca tombe bien, il est de retour dans un rôle d'inspecteur italien chargé de dénouer une affaire hautement délicate.
Le ton du film est noir, oppressant. La première scène est révélatrice du climat. Le vieux juge, Vargas joué par Charles VANEL se promène dans les catacombes et observe les visages des cadavres momifiés. A quoi pense-t-il ? A la mort ? Surement. A sa sortie il caresse de jeunes feuilles d'arbres, puis il s'effondre lentement, abattu par un tireur caché. Un rôle court pour VANEL, mais frappant.
L'assassinat du juge met la police aux abois. Elle met son meilleur limier sur les rails. Rogas joué par Lino VENTURA mène l'enquête. Il semble être un flic honnête et va démarrer son enquête de manière classique. Pour lui, il s'agit d'une vengeance. Il va interroger diverses personnes qui auraient pu se venger d'une décision de Vargas. L'occasion de voit Marcel BOZZUFFI comme suspect potentiel.
Au cours de son enquête Rogas traverse une Italie sale, polluée, sombre. Les villes y apparaissent sous un aspect négatif. La photographie volontairement sombre renforce cette impression.
Si l'intrigue ressemble à son début à un film comme "Sans mobile apparent", c'est à dire à une simple enquête policière, celle-ci évolue rapidement à un niveau plus complexe, voire nébuleux.
Le dossier devient de plus en plus brulant car d'autres magistrats se font assassiner. Bien qu'il soit considéré par sa hiérarchie comme un bon élément, Rogas ressent la pression. Evidemment on lui "propose" une piste raisonnable pour élucider l'enquête, les coupables seraient issus de groupuscules gauchistes qui désorganisent la nation lors d'émeutes ou manifestations violentes. Rogas se rend à une soirée privée où à sa surprise il constate que les mondains et les politiques se mêlent. Il met les pieds dans le plat et se rend compte qu'il va être en danger. Pourtant il tente d'avertir le Président de la Cour Suprême qu'il est en danger. celui est joué par Max Von Sydow dont le physique inquiétant se prête à un rôle de crapule, une habitude pour l'acteur après avoir déjà joué un rôle de tueur dans "Les 3 jours du Condor".
Le Président de la Cour Suprême se révèle un sacré fasciste de derrière les fagots. Pour lui, il faut contrôler le peuple, être impitoyable.... De plus en plus aux aguets, comprenant que cet histoire n'est qu'un complot politique, Rogas prend toutes les précautions pour contacter son ami journaliste et communiste dans un parc. Parlant à couvert il demande un rendez vous avec le Secrétaire du Parti Communiste. Malheureusement, il ne se rend pas compte que le chien d'aveugle stationné à ses pieds possède un micro dans son collier. A l'autre bout de l'émetteur, Le Président de la Cour Suprême est à l'écoute.
Dès lors le sort de Rogas est scellé. il se fait abattre avec le Secrétaire du Parti Communiste dans une scène sobre mais impressionnante. La police conclue à un meurtre suivi d'un suicide de la part de Rogas. Une solution qui semble convenir à tout le monde.
Film profondément engagé et pessimiste, ROSI réussit son pari et livre une œuvre intense qui pourrait être tout à fait d'actualité aujourd'hui, sauf que le pouvoir est désormais dans les mains des financiers au dépend des politiques, bien que tous ces milieux sont intimement liés.
Tous pourris, y compris le Parti Communiste semble dire l'auteur qui appuie son propos en filmant une Italie impersonnelle, dont aucune ville est identifiable, car cette histoire pourrait arriver dans n'importe quel pays finalement.
Cette grande réussite est due à un casting impeccable et Lino VENTURA prouve une nouvelle fois qu'il est un grand acteur. Il trouve là un de ses meilleurs rôles. Pauvre Rogas, flic honnête qui pensait à lui seul pouvoir contrer la puissance des élites politiques qui mènent le bal....
C'est un des derniers grands films politique d'un cinéma italien qui va peu à peu disparaître en même temps que ses réalisateurs emblématiques.
Encensé par la critique lors de sa projection au festival de Cannes 1976, le film prend un beau départ au box office parisien où il se classe directement deuxième derrière "Le sixième continent". Il va se maintenir plusieurs semaines dans le top 3 du box office parisien. Au final le bon score parisien n'est pas réellement suivi par la province mais parvient malgré tout à passer la barre du million d'entrées en France, bel exploit pour un film aussi radical.
Lino VENTURA prouve qu'il est toujours à la recherche de bons films pointus quitte à ne pas exploser le box office. une bonne démarche alors que BELMONDO ou DELON vont au contraire rechercher des films plus commerciaux.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
35
1 022 400
ENTREES PARIS
ENTREES BANLIEUE
ENTREES PARIS BANLIEUE
392 772
Détail entrées Paris
1ère semaine
2
80 175
24
2ème semaine
2
57 394
3ème semaine
3
34 309
4ème semaine
3
34 163
5ème semaine
4
23 818
6ème semaine
7
20 682
Nombre de semaines Paris
19
Moyenne salles Paris 1ère sem
3 341
Budget
Box office annuel Espagne
217 135
Box office annuel Italien
30
Cote du succès
* *
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