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    LES GALETTES DE PONT AVEN

     

    20 AOUT 1975

     

     

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    Réalisation

    Joë SERIA

    Scénario

    Joël SERIA

    Photographie

    Marcel COMBES

    Musique

    Philippe SARDE

    Production

    COQUELICOT FILMS

    Distribution

    CFDC

    Durée

    105 minutes

    Tournage

     

    Henri Serin

    Jean-Pierre MARIELLE

    Marie

    Jeanne GOUPIL

    Emile

    Bernard FRESSON

    Angéla

    Dolorès McDONOUGH

    Une commerçante

    Andréa FERREOL

    Marie Pape

    Dominique LAVANANT

    Le pèlerin

    Claude PIEPLU

    Le curé

    Romain BOUTEILLE

     

    Représentant en parapluies, Henri Serin parcourt la Bretagne des semaines durant pour visiter ses clients habituels ou négocier chez les autres de nouveaux contrats. Habile démarcheur, peintre amateur de talent, Henri sait parfaitement utiliser ses capacités et ses dons pour se ménager, à l'occasion, des bonnes fortunes. Cette vie lui permet, entre autres avantages, de s'éloigner le plus souvent possible d'un foyer où femme et enfants le méprisent ouvertement. Après avoir quitté précipitamment le domicile d'un colporteur qui l'avait gentiment invité, sans savoir que sa soeur avait une fâcheuse tendance au voyeurisme, Henri se remet au volant, en pleine nuit. Un peu plus tard, après un choc violent, la voiture fait une embardée et s'immobilise dans le fossé. Dans le village où il demande secours, personne ne parvient à le croire quand il prétend avoir écrasé un sanglier. Accablé par cet accident, Henri se décourage tout à fait lorsqu'il apprend le délai nécessaire aux réparations mais Emile, un peintre local, l'emmène alors chez lui, le met à l'aise et lui offre même sa petite amie Angela. Henri en tombe éperdument amoureux au point de la ravir à Emile, d'abandonner les parapluies et de se consacrer enfin exclusivement à la peinture. L'idylle ne dure pourtant pas et Henri doit se résigner à rentrer chez lui malgré son chagrin. En arrivant impromptu, il retrouve sa femme en galante compagnie et sans un mot, il repart aussitôt à Pont-Aven, bien décidé à retrouver Angela et à vivre de ses toiles. Malheureusement, la belle a disparu. Henri se console dans l'alcool jusqu'au jour où Marie, une jeune servante d'hôtel, remplace Angela dans son coeur. Dès lors, Henri peut laisser déborder sa joie et son enthousiasme.

     

     

    Le cinéma français devient totalement décomplexé dans les années 70. Il ose, expérimente, tente de nouveaux concepts alliant la truculence des propos avec l’audace visuelle en phase avec la libération sexuelle de l’époque. En bref, il innove.

    De cette période, Bertrand BLIER est bien sûr le plus célèbre des trublions avec son fameux « Les valseuses » triomphe du box office 1974 qui a révélé au grand public Gérard DEPARDIEU et Patrick DEWAERE. C’est oublier un peu vite Joël SERIA apôtre de ce cinéma unique et truculent. Déjà remarqué avec « Et délivre nous du mal » le réalisateur va livrer un film étrange, bizarre, baroque mais furieusement optimiste. Ave lui pas de nouveaux talents, mais un acteur confirmé, figure habituelle et familière des seconds rôles dans les années 60.

    A l’instar d’acteurs de talents tels Philippe NOIRET ou Jean ROCHEFORT, Jean Pierre MARIELLE va profiter d’une maturité acquise par la participation à de nombreux tournages. La quarantaine rugissante, l’acteur a connu un succès avec « La valise » où sa voix de stentor et sa moustache à la Sean CONNERY commencent à conquérir le public. En dehors d’un talent comique évident, l’acteur dispose d’un physique imposant et sait très bien occuper l’écran, condition indispensable pour tenir un film entièrement sur ses épaules.

    L’acteur est la tête d’affiche de cette production artisanale où figure la femme de Joël SERIA, l’actrice et réalisatrice Jeanne GOUPIL et des acteurs capables de jouer des rôles « cintrés » tel André FERREOL inoubliable dans « La grande bouffe » ou Bernard FRESSON truculent ainsi que la surprenante Dominique LAVANANT ou encore Claude PIEPLU.

    Le film conte donc l’histoire d’un artiste frustré. Henri SERIN représentant en parapluies rêve d’un destin à la GAUGUIN ou à la COURBET. Il aime les culs des femmes et adore les peindre. Hélas, avec sa femme un peu coincée, pas de quoi vivre sa passion, témoin cette scène très drôle où il tente de peindre le cul de sa femme pendant son sommeil, sans succès…

    Heureusement, il peut compter sur une femme adorable qui est sa plus fervente admiratrice jouée par Andréa FERREOL. N’hésitant pas à se présenter dans des situations les plus rocambolesques, elle devient la maîtresse d’Henri. Sur l’oreiller celui-ci lui livre quelques confidences. Le dialogue vaut bien du BLIER, voire du AUDIARD, bien que celui-ci semble avoir perdu son talent avec les productions à gros budget de la GAUMONT…

        

    -         Alors, comme cela ca ne va pas avec votre femme ?

    -         Pffff…Comment veux tu que je m’entende avec cette conne ? C’est une catho, une bigote, c’est une merde !....

    -         Pauvre Monsieur Henri, un homme comme vous si gentil avec un si grand talent, quel gâchis…

    -         C’est pour les mômes que je tiens le coup

    -         Et eux comment ils sont ?

    -         Pff….Comme leur mère, lui c’est un petit nazi et la gamine elle me prend carrément pour un con.

    -         Alors, vous n’êtes pas bien chez vous ?

    -         Tu vois, j’suis bien qu’en voyage, et encore…là ce soir, j’suis bien.

    -         C’est gentil

    -         Quand je pense que j’ai foutu ma vie en l’air pour ces trois connards !

    -         Ne dites pas ça…J’avoue que quand j’ai vu votre femme pour la première fois je vous ai trouvé mal assortis, une femme si froide, si sèche avec un homme comme vous si chaleureux….

    -         Si tu la voyais cette conne, elle ne sait même pas ce que c’est qu’une bite….

    -         Monsieur Henri !!

    -         C’est vrai….Tu sens la pisse toi, pas l’eau bénite.

    -         M’sieur Henri, vous avez de ces expressions….

     

     

    Dialogues sans concessions qui sentent le vécu. Henri est un artiste refoulée, qui souffre réellement. Il poursuit sa route et fait connaissance de personnages plus ou moins barjots, des personnages étonnants issus de nos belles provinces françaises, loin des villes artificielles. Une vieille bigote voyeuse, des autochtones bretons des plus inquiétants…Son destin prend une autre tournure lorsque victime d’un accident de la route il rencontre Emile dans la ville de Pont Aven. Emile c’est l’artiste décomplexé, truculent qui vit de son art à qui il n’accorde aucune importance mis à part de bien gagner sa vie. Il n’a pas de vocation…la peinture c’est un art. Bon vivant, c’est un obsédé sexuel qui vit avec Angéla une jeune canadienne qui n’a pas froid aux yeux. Celle-ci est constamment à poil et vit sa sexualité très librement. Emile qui possède une curieuse libido, « partage » son amie avec Henri. Celui-ci croit « libérer »Angéla de son geôlier et part vivre avec elle une grande histoire d’amour. Elle possède un cul magnifique qui l’inspire. Hélas Angéla le quitte pour revenir avec Emile. Henri est désespéré. Rentré chez lui, il surprend sa femme en bonne posture avec un jeune étalon…. Il part définitivement et devient une sorte de cloche locale, un Van Gogh du pauvre alcoolique qui fait rire la petite ville. Il parvient cependant à peindre entre deux bouteilles et vit dans une auberge. Il peut compter sur la sympathie de la jeune et ravissante Marie qui travaille dans l’auberge. Il apprend que Emile est de retour et éméché se rend chez lui espérant retrouver Angéla. Emile est chez lui en train de mater un couple nu qui danse sur « Kung Fu fighting »…Truculent, jouasse, Emile invite Henri à se joindre à eux avant de le jeter dehors…. Angéla a depuis longtemps quitté le bercail.

    Henri se console avec une prostituée locale qui travaille en habit traditionnel. Une surprise de découvrir la bretonne Dominique LAVANANT dans ce rôle particulier où elle s’exprime dans une sorte de patois local et évoque le sexe d’Henri comme le petit Jésus… Petit à petit Henri est adopté par la population locale et devient ami avec le curé joué par le rare Romain BOUTEILLE. Il accepte même de participer à la kermesse de la ville où il interprètera en costume traditionnel avec la jolie Marie le « kenavo » du réactionnaire Théodore Boutrel, clin d’œil du réalisateur.

    Au retour, un peu éméché, il va découvrir l’amour avec Marie. Elle lui offre candidement ses fesses magnifiques, sa virginité son amour. « Nom de Dieu de Bordel de merde » s’écrit-il avant de se jeter dans les bras de Marie. Il bande, il revit… Il s’installe avec Marie.

    Film truculent, dérangeant, le film se démarque cependant des « Valseuses » auquel il fut souvent comparé. Là où le film de BLIER est glauque, désespéré, négatif, « Les galettes de Pont Aven » est cependant une ode à l’espoir et à l’optimiste. Après être tombé bien bas, Henri renait enfin. La Bretagne et la jolie Marie l’ont guéri. L’artiste est là et a vaincu bien des démons. Certes beaucoup de personnages sont originaux, mais jamais le réalisateur ne les critique, ne les juge…Soyez vous-même semble-t-il dire aux spectateurs, soyez libres et artistes…Un message qui ressemble à une profession de foi d’un réalisateur atypique.

    Bien sûr Jean-Pierre MARIELLE est énorme. Il livre une prestation d’anthologie qui va faire sa réputation. Henri est un personnage attachant, humain et bien sûr très drôle… N’oublions pas les autres acteurs au diapason : André FERREOL phénoménale, acceptant de livrer sa bidoche à l’écran et terriblement attachante, un Bernard FRESSON inquiétant de vérité qui semble être totalement investi par son personnage truculent et une Jeanne GOUPIL des plus troublantes dans son rôle de jeune vierge candide à la beauté juvénile. Le film est également un hommage à une de nos plus belles régions. Découvrir le film adolescent à la télévision demeure un choc qui impose une vision de la vie bien différente que l’avenir qui semble tracé pour nos jeunes enfants : le costard cravate à La Défense…

    Par surprise, le film prend la tête du box office parisien dans la moiteur de l’été parisien. Loin de s’écrouler, le film bénéficie d’un bouche à oreille flatteur qui en fait un des succès de l’année sur Paris banlieue en franchissant la barre des 500 000 spectateurs. Un résultat totalement inattendu qui sera beaucoup moins suivi par la province. Au final le film dépasse juste le million de spectateurs sur la France. Et pourtant le film est bel et bien un plaidoyer pour nos belles régions françaises. Il demeure également une preuve de l’inventivité du cinéma français au niveau international.

    La télévision a rendu le film très populaire. Le film demeure le plus connu du réalisateur. Loin de s’enflammer par le succès surprise du film, Joël SERIA va poursuivre son étude décalée de l’être humain et va retrouver bientôt son acteur devenu fétiche, Jean-Pierre MARIELLE dans « Comme la lune » en 1977. L’acteur va entrer dans une période très positive au box office et devenir un acteur populaire…     

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    1 085 622

     

    ENTREES PARIS

     

    410 432

     

    ENTREES BANLIEUE

     

    126 609

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

    537 041

     

     

     

     

     

    1ère semaine

    1

    63 015

    17

    2ème semaine

    5

    54 079

     

    3ème semaine

    6

    52 422

     

    4ème semaine

    6

    48 878

     

    5ème semaine

    7

    38 866

     

    6ème semaine

    12

    28 483

     

    Nombre de semaines Paris

     

    17

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    3 732

     

    Budget

     

     

     

    Box office annuel Espagne

     

     

     

    Cote du succès

     

    * * *

     

     

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