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    COMME LA LUNE

     

    31 AOUT 1977

     

     

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    Réalisation

    Joë SERIA

    Scénario

    Joël SERIA

    Photographie

    Marcel COMBES

    Musique

    Philippe SARDE

    Production

    COQUELICOT FILMS

    Distribution

    AMLF

    Durée

    90 minutes

    Tournage

    16/05/77 – 06/07/77

    Roger POUPLARD

    Jean-Pierre MARIELLE

    Nadia

    Sophie DAUMIER

    Yvette

    Dominique LAVANANT

    Chanteau

    Marco PERRIN

    Jeanine

    Anna GAYLOR

     

     

    Super-mâle, pas complexé en ce qui concerne une virilité à toute épreuve, Roger Pouplard se fait cajoler, dorloter, bichonner par Nadia, la bouchère, qui s'entend comme pas une, la mâtine, à l'exciter, l'énerver, le chercher, le trouver, encore... et encore... A côté de la brûlante Nadia au milieu de sa viande, la pâtisserie légitime de Jeanine apparaît bien froide à notre coq (en pâte). Elle a pourtant des qualités, Jeanine, bonne ménagère, épouse fidèle, mère admirable, mais, à côté du corps de Nadia, de son tempérament, elle peut aller se rhabiller. Mais, de fait, ces deux femmes si différentes ne pourraient-elles pas s'entendre? Roger organise une entrevue qui tourne au désastre. La légitime traite l'illégitime de "pouffiasse". Pour consoler Nadia, Roger lui offre un séjour à Deauville. Là, l'inconstante flirte avec Chanteau, un ami de régiment de Roger, retrouvé par hasard, et s'enfuit avec lui. Roger se retrouve avec la secrétaire de Chanteau, la peu appétissante Yvette, sur les bras... et bientôt "dans" au lieu de "sur", car à défaut de grives... Les merles, ça a du bon, d'ailleurs. Il est heureux, le Roger. Il a repris son métier de réparateur de frigidaires. Il vit avec Yvette. Il a un enfant. Il évite les tentations des clientes affoleuses. Ce qu'il ne sait pas, c'est qu'Yvette le trompe avec un peu tout le monde. Mais comment s'en apercevrait-il? Il est heureux, Roger!... Ah oui, vraiment ... comme la lune.

     

     

    En ce qui concerne le traitement du « con » au cinéma il y a deux types de publics. Ceux qui se contentent de considérer que « Le dîner de cons » est ce qu’il y a de mieux dans le genre et que la tête d’ahuri de Jacques VILLERET sur la blague de « Juste LEBLANC » est vraiment irrésistible. De penser que le « con » amateur de constructions de monuments français en allumettes décrit par Francis VEBER est vraiment la quintessence du « con ». Pour ceux là la gentillette comédie de VEBER pour cinéphiles peu exigent sera suffisante.

     

    Mais pour les amateurs de cons ultimes et sublimes il reste « Comme la lune » de Joël SERIA, un film à l’esprit « Hara-kiri » des plus emballants. Deux ans après « Les galettes de Pont Aven » le formidable duo SERIA / MARIELLE se reforme et donne naissance à un héros sans ambigüité : Roger POUPARD est con jusqu’au bout des ongles sans aucun espoir de rémission et cette connerie s’accompagne d’autres belles qualités : racisme, méchanceté, lâcheté et esprit franchouillard vissé au corps.

    Auteur d’un scénario des plus réjouissants, l’auteur apporte un sens des détails les plus scrupuleux dans le choix des décors, des vêtements, des objets totalement représentatifs du kitsch joyeux et flamboyant des années 70. De plus, il peut compter sur des acteurs assez fabuleux dont une Sophie DAUMIER totalement irrésistible et qui fait preuve d’un talent comique rare. Elle se donne comme peu de comédiens se sont donnés et c’est un bel hommage au talent trop peu reconnu au cinéma de cette actrice attachante et partie bien trop tôt dans des circonstances douloureuses.

     

    Jean Pierre MARIELLE offre donc une composition dantesque dont il a le secret avec ce Roger POUPLARD, un con abyssal. 

    Roger est un réparateur de frigidaires rangé des voitures marié à une gentille boulangère  et père d’une petite fille. Un jour, il répare le frigo de Nadia, une bouchère qui a pignon sur rue et tombe dans les mailles de cette jeune femme « facile » et qui aime bien « la chose »…Ca tombe bien, Roger est une belle bête de « ce coté là » et se fait vite entretenir par la belle jeune femme. Il s’engraisse tranquillement dans le bel intérieur de Nadia décoré de papier peint et haut en couleurs typiquement des années 70. Un petit nid douillet d’où il sort pour aller prendre des pots au café du coin et se moquer des gens qu’il choque avec son antisémitisme primaire et son langage des plus imagés envers Nadia. La première partie du film le voit en con triomphant. Tout va bien pour lui. Sapé comme un « hareng » par Nadia, il ne fait pas grand-chose dans sa boucherie, il se fait entretenir et est plus passionné par sa voiture qu’autre chose. Il doit contenter Nadia jusqu’à l’épuisement. Un week-end il retourne chez lui rendre visite à ses parents et dormir chez Jeanine, sa femme qui ne l’a jamais oublié. Le temps d’écouter le foot à la radio et de dire ce qu’il pense sur les footballeurs Yougoslaves venus piquer le pain des français. Bien sûr il honore encore sa femme, mais cette situation le gêne. Il décide de présenter Nadia pour clarifier la situation. Il rentre chez Nadia où celle-ci le couvre de cadeaux dont une magnifique robe de chambre violette de la marque « Ramona » qui « mitraille sec ». Elle danse une samba sur le son de leur nouvelle chaîne dernier cri et c’est la fête.

    La seconde partie voit la déchéance de Roger. Trop sûr de lui, il commet l’imprudence de présenter Nadia a un dîner de famille et c’est le fiasco. Roger déclare tout abandonner à sa femme et qu’il vivra de commerce de Nadia. Une bagarre générale éclate et la petite fille de Roger se bat même contre Nadia. Celle-ci s’enfuit chez elle et boude. Roger la rejoint et se discrédite aux yeux de Nadia en traitant sa petite fille de « salope ». Il lui déclare l’aimer comme son chien. Nadia lui dit qu’il est un con, mais celui-ci n’entend pas. Ils se rabibochent en passant un week-end dans un Deauville pluvieux où ils détonnent habillés comme des sapins de noël… A l’hôtel ils rencontrent un ancien ami de Roger, Chanteau, lui aussi « gratiné » et joué par un habitué des seconds rôles, Marco PERRIN, où son accent du sud de la France fait merveille. Il est accompagné par sa maitresse occasionnelle, la fade Yvette. Chanteau a le sens des affaires, surtout dans la boucherie volaille, ce qui ne manque pas d’intéresser Nadia qui se détourne peu à peu de Roger. Celui-ci jaloux, menace Chanteau. Aviné, il est reconduit dans sa chambre et Chanteau se tape Nadia dans la salle de bain de la chambre de bains pendant que Roger dégobille. Au matin Nadia est partie. En compagnie d’Yvette, Roger les retrouve. Hélas, il se fait casser la figure par Chanteau qui l’achève d’un coup de pied mal placé. Devant Yvette, Roger fait croire qu’il a « emplâtré » Chanteau, mais il faut bien se rendre à l’évidence, il est largué et fauché….

    La troisième partie voit la guérison et la renaissance de Roger. Finalement Yvette est plutôt bien foutue et gentille. Ils se marient et donnent naissance à un enfant. Roger a repris son ancien travail. Chez une cliente, celle-ci apparaît en petite tenue et désire passer à la casserole. Mais Roger se souvient de Nadia et s’enfuit à toutes jambes chez lui…. En vacances il déclare à son copain avec lequel il partage la location d’une maison à Deauville qu’il est heureux avec Yvette qui est une personne de valeur…qui s’offre le jeune fils du meilleur ami de Roger derrière des rochers…. Même si les « antennes » de Roger vibrent un peu, il ne voit rien. Redevenu un fier coq, il se bat même avec un voisin de plage qui fait bien 20 centimètres de moins que lui. Il est heureux Roger, comme tous les imbéciles….

    Joël SERIA offre donc un film sur le con ultime. Mais il n’épargne personne car les femmes autour de lui ne valent guère mieux que lui. C’est donc un film sur la connerie en général, fort plaisant aux dialogues décapants et irrésistibles. Il peut compter sur les talents de ces acteurs, Jean Pierre MARIELLE en tête bien sûr qui s’offre un de ses meilleurs rôles, encore une composition d’anthologie, et bien sûr Sophie DAUMIER qui trouve elle, son meilleur rôle. La grande découverte du film est donc Dominique LAVANANT qui prouve bien avant la période du « Splendid » qu’elle est une très bonne actrice qui n’hésite pas à se montrer à poil s’il le faut et qu’elle possède un fort potentiel comique.

    Sorti à la fin du mois d’août le film ne rencontre pas son public malgré la popularité acquise par Jean-Pierre MARIELLE avec Annie GIRARDOT. Le film ne se classe que troisième à Paris lors de sa sortie alors que la concurrence est peu active. Le film tombe rapidement au classement et dépasse à peine les 400 000 spectateurs sur la France. Joël SERIA aura du mal à se remettre de cet échec. Le public préfère Bertrand BLIER qui bénéficie de l’appui des critiques. Et pourtant au niveau du cinéma irrévérencieux et iconoclaste, Joël SERIA a bien été un des plus grands représentants. Avec le temps, cette petite perle a gagné le respect des admirateurs de ce cinéaste rare au talent très personnel.

    Voici un petit florilège des dialogues au vitriol du film qui est bien sûr à redécouvrir d’urgence:    

     

    (Roger à un client d’un café)

    - Ah, Deauville, ça c’est toute ma jeunesse, ça ! Le polo club, le casino d’hiver, l’Hôtel du golfe, Le Normandie, ces noms là c’est des bijoux pour moi

    -          Vous êtes natif de cette région ?

    -          C’est tout comme, mon oncle était marchand de primeurs là-bas, tu vois juste derrière le casino ? C’était du primeur de luxe, attention, pas de la banane d’Aubervilliers, ça tapait jamais en dessous de 13 balles le kilo, chez lui, la Canada…Ca, il avait le blair le tonton, et puis il ne s’appelait pas Goldenberg pour rien

    -          ….. ?

    -           Golden…Goldenberg pour un marchand de pommes j’sais pas si vous voyez ce que je veux dire..

    -          Ahhhhh….

    -          Je suis pas raciste, mais…les fourchus ils ont toujours su faire de l’artiche, de ce coté là ca a toujours été des cadors !

     

    (Le client du café qui s’adresse à Roger après avoir vu Nadia)

     

    -           Monsieur, je tiens à vous féliciter, vous avez vraiment une très jolie femme !

    -           C’est un beau petit morceau, hein ? Ca, elle vaut bien son coup de chevrotines, allez remets nous ça, qu’est-ce qui prend le monsieur ?

    -           j’vous remercie….

    -           Bah, qu’est-ce qu’il y a mon vieux ?

    -           C’est répugnant ! Parler ainsi de sa femme ! C’est honteux !

    (Le client sort)

    -          Mais qu’est-ce que c’est que ce con là ? 

    -          C’est un type qui travaille à la Mairie !

    -          Et bin, il doit encore se tirer sur la fronde celui-là !!

     

     

    (Roger à Nadia)

     

    -          Mais qu’est-ce que c’est que tout ça ?

    -          Et ma robe ? Qu’est-ce que t’en dis ?

    -          Mais c’est Marilyn Monroe ! J’avais la trique de te retrouver !

    -          Touche le tissus comme il est soyeux…

    -          On dirait de la peau de phoque….Mais…Qu’est-ce que c’est que cette chaîne ?

    -          Je l’ai commandée il y a une quinzaine, je ne t’en ai pas parlé pour te faire une surprise…

    -          Ah, nom de Dieu…T’y vas pas de main morte, toi !! Ah, c’qu’elle est belle !

    -          J’ai aussi commandé la télé couleur…

    -          Mais t’es cinglée !!

    -          Avec toi, j’veux vivre comme une reine !! 

    -          Mon amour…

    -          Attends, attends, il y a encore une petite chose pour toi.

    -          Mais qu’est-ce que c’est ?

    -          Et bien ouvre !

    -          (il sort une robe de chambre violette) Oh bordel !!

    -          Mets là !!

    -          Oh, tu as eu raison de la prendre violette ! Ca mitraille sec ! Elle n’est pas un peu juste là ?

    -          Ca te moule bien….

    -          Oh putain, j’en ai jamais eu une aussi belle ! Oh la vache, ça éclabousse !!

    -          Avec ça, t’es vraiment une belle bête !!

    -          Tu sais me saper, toi ! Et tu sais quoi dire pour me faire bander ! Viens ! Déloque toi ! Allez, viens, viens….

    -          Attends, j’vais monter un peu la musique….

    -          (elle danse devant lui)

    -          On est des beaux dégueulasses hein mon bichon ? On était fait pour se rencontrer, hein ma poule ? Approche, approche…Ah dis donc, t’es vraiment bien bidochée… On dirait une Cadillac, salope…. Ahh, ce cul ! J’vais t’fourrer, j’vais t’fourrer !

     

     

     

    -          Si tu crois que c’est plaisant pour moi de se faire traiter comme ça.

    -          Bah oui, j’sais bien, mais c’est une conne, j’te l’ai toujours dit, quand je pense que j’ai passé 15 ans de ma vie avec ce bout de veau…

    -          Mais ta fille ?

    -          Mais elle aussi c’est une petite salope ! Mais derrière c’est sa mère, c’est elle qui la pousse ! Allez, c’est rien va…Ce qui compte c’est qu’on s’aime nous, J’vous regardais toutes les deux pendant le diner, oh putain, maintenant je comprends qu’elle ait chialé, De te voir comme cela dans ta salopette gaulée comme un lévrier, elle a débondée ! T’es belle tu sais…

    -          T’es pas méchant, Roger….Mais t’es vraiment un con…..

    -          T’es plus fâchée, je le savais bien…je t’aime, j’pourrais roupiller par terre si tu me le demandais, comme un clébard…J’pourrais même bouffer la côtelette à ton chien…

    -          Viens là mon gros toutou….  

     

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    410 594

     

    ENTREES PARIS

     

     

     

    ENTREES BANLIEUE

     

     

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

    147 048

     

     

     

     

     

    1ère semaine

    3

    53 295

    21

    2ème semaine

    6

    38 007

     

    3ème semaine

    9

    24 491

     

    4ème semaine

    17

    14 292

     

    Nombre de semaines Paris

     

    8

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    2 538

     

    Budget

     

     

     

    Box office annuel Espagne

     

     

     

    Cote du succès

     

    *

     

     

    Merci à Fabrice ! 

     

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    CA MITRAILLE SEC !! CA ECLABOUSSE !!

     

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