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Par Renaud SOYER le 4 Mars 2006 à 15:45
TYPHON SUR NAGASAKI
8 FEVRIER 1957
- Réalisation : Yves Ciampi
- Assistant réalisateur : Jean-Jacques Vierne
- Scénario : Yves Ciampi, Zenzo Matsuyama et Jean-Charles Tacchella
- Dialogues : Annette Wademant
- Images : Henri Alekan
- Montage : Roger Dwyre
- Décors : Robert Gys et Kisaku Ito
- Musique : Chûji Kinoshita
- Costumes : Jacques Heim
- Producteur : Jacques Bar, Raymond Froment (producteur exécutif) et Kurataro Takamura
- Production : Cila Films, Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique (CICC), Doxa Films, Pathé Overseas, Shôchiku Eiga, Société Nouvelle Pathé Cinéma et Terra Film Produktion
- Distribution : Pathé Consortium Cinéma
- Genre : Drame
- Format : Couleur (Technicolor) - Son : Mono
- Durée : 115 minutes
- Tournage : 16 avril 1956 - 31 juillet 1956
- Danielle Darrieux : Françoise Fabre
- Jean Marais : Pierre Marsac
- Keiko Kishi : Noriko Sakurai
- Sō Yamamura : Hori
- Hitomi Nozoe : Saeko Sakurai
- Kumeko Urabe : Fujita
- Gert Fröbe : Ritter
- Shinobu Asaji : Keiko Ritter
L'ingénieur français Pierre Marsac dirige à Nagasaki la construction de pétroliers. Il fait connaissance de Noriko, jeune orpheline qui tient un magasin de tissus. Cultivée, attirée par la civilisation occidentale, elle reste cependant empreinte de l'humilité traditionnelle des femmes japonaises. A cause d'elle, Pierre pense renouveler son contrat de travail. Survient Françoise Fabre, journaliste française qui vient faire un reportage. Elle a été l'amie de Pierre Marsac et l'a quitté par esprit d'indépendance, laissant celui-ci assez triste car il avait envisagé le mariage avec elle. Tout cela est loin dans le temps et dans l'espace : Pierre est ravi de revoir Françoise et lui présente Noriko. Partant à Osaka pour affaires, Pierre a la surprise de constater que Françoise l'a suivi. Leur ancienne intimité est renouée et il prolonge de quelques jours son voyage. Noriko qui a tout appris ne veut pas lutter avec Françoise et dit à Pierre à son retour que pour elle tout est fini. Mais Pierre malgré l'amour de Françoise retrouvé n'est plus l'homme qu'il était en Europe. Il regrette ce qui s'est passé pendant le voyage et ne peut se résigner à perdre Noriko. Un typhon passe ; à Nagasaki tout est dévasté. Pierre Marsac qui pendant tout le cataclysme n'a pensé qu'à Noriko fait l'impossible pour la rejoindre et lui porter secours, mais il ne la retrouve qu'au moment où elle est tuée par la tornade. Il restera seul au milieu des ruines. Françoise a compris trop tard son véritable amour pour Pierre. Elle est revenue à lui trop tard. Leurs routes doivent se séparer, et elle repart en France toute seule.
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L 'excellent Yves CIAMPI, cinéaste qui mériterait d'être redécouvert est un homme qui adore voyager. Son cinéma s'en ressent car il désire tourner dans des pays différents et faire découvrir d'autres civilisations à son public. C'est chose faite avec "Les héros sont fatigués" en 1955 qui se déroule au Sénégal. Le film avec Yves MONTAND et Maria FELIX connait un gros succès en France avec 2.8 millions de spectateurs, de quoi se lancer dans une nouvelle production exotique. Coproduit avec le Japon, l'action de " Typhon sur Nagasaki" se déroulera au pays du soleil levant. A l'époque, le public français aime les films exotiques, les documentaires sur des paysages inconnus à l'époque où voyager en avion coutait un bras et la télévision était en noir et blanc. Pour preuve le carton au box office du "Continent perdu" en 1955.
Le film sera donc entièrement tourné au Japon. Concernant les acteurs, il retrouve Jean MARAIS avec qui il a tourné le "Guérisseur" en 1954. Arborant un fier brushing qui met en valeur sa blonde chevelure, l'acteur sera ravi de son tournage au Japon, et on devine le succès de l'acteur blond dans un pays où tout les habitants ont les cheveux noirs. Au Japon, c'est Jean MARAIS qui est "exotique".
L'acteur retrouve la très populaire Danielle DARRIEUX avec qui il a partagé l'affiche de "Ruy Blas" en 1947. Dix ans ont passé, mais les deux semblent ravis de se retrouver. L'actrice est encore une valeur sûre au box office dans les années 50, l'affiche possède donc du potentiel.
La jeune actrice japonaise Keiko KISHI sera l'objet de la discorde entre MARAIS et DARRIEUX.
Plus curieux est de retrouver Gert FROEBE (le futur Goldfinger) dans un rôle sympathique, pour une fois.
A bien des égards le film ressemble à une carte postale cinématographique du Japon. Il y a peu d'action. La ville de Nagasaki, bien connue pour avoir supporté l'explosion d'une des premières bombe atomique de l'histoire de l'homme est un mélange de beaux paysages et d'usines. D'ailleurs une des premières scènes présente la sortie d'un nouveau pétrolier d'un chantier naval supervisé par Pierre, joué par un jean MARAIS en pleine forme. Expatrié, il semble se plaire au Japon où l'aura des européens est importante. On ne le voit pas trop bosser au cours de cette première partie où il se promène souvent au sein de beaux paysages. Il s'est attaché à Noriko, et cet amour le fait réfléchir quand à la question de rester ou non au Japon. Suivra-t-il l'exemple de Ritter un sympathique Suisse qui s'est définitivement installé au Japon et a fondé une famille ? En tout cas, les scènes d'intérieur sont l'occasion pour le public français de découvrir les us et coutumes de ce peuple qui semble si lointain.
Noriko, bien que "moderne" cultivée, est une femme soumise, discrète et respectueuse qui gère un magasin de tissus dans les anciens quartiers. Tout le contraire de Françoise, journaliste, l'ancienne maîtresse de Pierre qui débarque comme par hasard à Nagasaki pour son travail. Bien sûr elle cherche à reconquérir Pierre et sa stratégie est plutôt agressive. Danielle DARRIEUX est parfaite pour ce genre de rôle. Toute en opposition de Noriko, elle est joyeuse, exubérante, piquante, charmante. Bref, son entreprise de séduction est en marche et petit à petit elle va grignoter le terrain de Noriko.
Françoise n'hésite pas à visiter la boutique de Noriko et se faire confectionner un kimono par ses soins. Noriko a bien compris le manège de Françoise mais n'en montre rien. Les japonais c'est tout en retenue, c'est bien connu.
Le trio se promène ensemble au sein de la ville. L'occasion de poursuivre la visite guidée de la ville. Françoise découvre les joies de la dégustation du sushi et provoque l'hilarité de Noriko. Passage obligé nous assistons à une représentation de théâtre dramatique japonais ce qui attire quelques commentaires condescendants de la part de Pierre. Puis une visite obligatoire au mémorial de la ville, coproduction oblige. Françoise va même arborer une superbe tenue japonaise traditionnelle
Françoise a gagné, et le film pourrait se conclure sur une énième bluette à l'eau de rose, marque de fabrique de ce Jean MARAIS des années 50. Mais Yves CIAMPI va rappeler que le Japon est un archipel qui est sensible aux catastrophes naturelles. Un phénoménal typhon va s'abattre sur Nagasaki. Avec les effets spéciaux de l'époque, CIAMPI tente de recréer un ouragan acceptable à l'écran. Les principaux effets sont crées à l'aide de ventilateurs géants accompagnés de pluie. Bien sûr quelques maquettes visibles sont détruites mais nous ne sommes pas au temps des effets spéciaux numériques. Moyennant quoi, les acteurs trempés parviennent à faire croire au fait qu'une tempête s'abat sur eux. Pierre qui a compris qu'il aimait Noriko tente de la retrouver. Un bâtiment s'effondre sur elle. Elle meurt dans ses bras de ses blessures internes. Pierre est brisé. Le matin, le pays panse ses plaies, mais les fiers habitants s'en remettront. Apprenant la mort de Noriko par Ritter, Françoise préfère s'en aller.
Mélodrame classique, le film vaut par la présentation d'un Japon réaliste. Presque un documentaire, le film apporte dn dépaysement et permet à Danielle DARRIEUX de tirer son épingle du jeu, Jean MARAIS prenant régulièrement la pose. Le tournage a été très agréable, Jean MARAIS a bien profité de la vie nocturne et Yves CIAMPI n'a pas perdu son temps étant donné qu'il se marie avec Keiko KISHI l'actrice qui joue Noriko.
Le film sort à Paris dans une sévère concurrence: "Assassins et voleurs" de Sacha Guitry, "Haute société" avec Grace Kelly et Frank SINATRA mais aussi "L'homme qui n'avait jamais existé" se partagent l'affiche la même semaine. Le film prend la quatrième place des exclusivités mais se maintient très bien. Il passe le demi-million de spectateurs à Paris et entre dans le top 20 de l'année avec 3 millions de spectateurs, un gros score. C'est un nouveau succès pour Yves CIAMPI et pour Jean MARAIS. Cependant l'acteur devra profiter du succès de ce film spectaculaire car la suite de l'année sera bien moins favorable.
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
2 974 430
ENTREES PARIS
806 490
Détail entrées Paris
1ère semaine
4
51 803
3
2ème semaine
3
48 481
3ème semaine
4
41 671
Nombre de semaines Paris
3
Moyenne salles Paris 1ère sem
17 268
Cote du succès
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