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    SERIE NOIRE

     

    25 AVRIL 1979

     

     

    SERIE NOIRE

    Réalisation

    Alain CORNEAU

    Scénario

    Alain CORNEAU

    Georges PEREC

    D'après Jim THOMPSON

    Directeur de la photographie

    Pierre Willian GLENN

    Musique

    Juan TIZOL

    Production

    PROSPECTACLE

    GAUMONT

    Distribution

    GAUMONT

    Durée

    110 minutes

    Tournage

     

    Frank POUPARD

    Patrick DEWAERE

    Mona

    Marie TRINTIGNANT

    Jeanne

    Myriam BOYER

    Staplin

    Bernard BLIER

    La tante

    Jeanne HERVIALE

    Andreas TIKIDES

    Andréas KATSULAS

     

     

    Modeste représentant en banlieue parisienne, Frank Poupart traîne sa médiocrité de porte en porte. Mais une clientèle de plus en plus réticente fait que les affaires marchent mal, si bien que Poupart est amené à escroquer son patron, Staplin, lequel n'hésite pas à le faire "coffrer" pour lui donner une leçon. C'est la jeune Mona, vendue par sa vieille tante, quelques jours auparavant, à Poupart contre une robe de chambre, qui le sort de cette inconfortable situation. Bien que n'ayant pas abusé de la jeune fille, Poupart est gêné de ce qu'elle a fait pour lui. Il ne s'en ouvre même pas à sa femme, Jeanne, laquelle quitte précipitamment le domicile conjugal, lasse de cette vie déprimante. C'est alors que Poupart revoit Mona et que celle-ci lui parle du "magot" entassé par sa tante. L'idée d'assassiner la vieille femme prend corps immédiatement et bientôt Poupart prépare l'agression en soudoyant un simple d'esprit, Tikides, qui n'en revient pas d'avoir enfin un ami! Au jour J, la tante est froidement abattue, ainsi que Tikides, son pseudo-agresseur. Poupart qui a dérobé les économies peut, un peu plus tard, faire croire à Staplin qu'il obtient enfin des résultats tandis que Mona se désespère de le retrouver un jour. Or, Jeanne réapparaît à ce moment et pose à son mari plusieurs questions embarrassantes. Poupart finit par l'étrangler avant de remettre à Staplin, qui lui a fait du chantage, la totalité de l'argent dérobé. Il peut alors rejoindre Mona qui n'a pas cessé de l'attendre.

     

    Si il y a un film qui a secoué l'adolescent que je fut, c'est bien celui-là. Découvrir sur une petite télévision la vision traumatisante de ce film glauque est un souvenir remarquable. Assister à la descente aux enfers de Frank Poupard reste un grand moment de cinéma. Si la qualité intrinsèque du scénario est indéniable, il reste à répondre à cette question: un film est-il bon parce que les acteurs sont bons, où les acteurs sont-ils bons parce que le film est bon ? Au vu de la qualité du casting on pourrait répondre que ce sont les acteurs, Patrick DEWAERE en tête.  

    L'enfant terrible du cinéma français offre une prestation de haute volée, de celles hallucinantes d'un Robert de NIRO ou d'un Marlon BRANDO.

    Poupard est un gentil loser, conscient de l'être, représentant minable dont le destin va basculer, un jour de pluie, devant un pavillon glauque d'une banlieue parisienne glauque. Il fait du porte à porte et s'adresse à une vieille dame et ne peut s'empêcher de balancer quelques vannes grasses au sujet de la jeune fille qu'il a aperçu à la fenêtre du pavillon. A sa grande surprise, la vieille (génialement interprétée par Jeanne HERVIALE) répond favorablement à son involontaire requête et celui-ci monte dans la chambre de Mona. C'est Marie TRINTIGNANT, 16 ans tout frais au compteur, qui l'accueille et se déshabille tout de go, devant un POUPARD ébahi devant la beauté juvénile de la belle. Une nudité frontale totalement impossible et inimaginable dans le cinéma d'aujourd'hui, mais qui touche sa cible, le spectateur normalement constitué tombe amoureux de suite du regard brumeux et  de la moue de l'adolescente. Une rencontre inoubliable avec une superbe  actrice hors norme qui n'a rendu que plus insupportable sa mort injuste en 2003.

    POUPARD ne touche pas la jeune fille qui tente de s'échapper de son horrible tante et du cloaque  où elle vit. POUPARD tombe amoureux d'elle et va s'engouffrer dans une spirale négative.

    D'abord POUPARD pique un peu dans la caisse et fait cadeau de la robe de chambre à la vieille. Cela ne plait pas énormément à son patron, l'infâme STAPLIN, très belle ordure, un veule de la pire espèce. Qui d'autre que Bernard BLIER qui trouve un de ses derniers grands rôles pouvait donner vie à un pareil cloporte ? La rencontre des deux monstres sacrés est savoureuse et les dialogues sont de hautes volée. POUPARD fera un petit séjour en prison avant d'être libéré par MONA.

    Les deux tourtereaux platoniques échafaudent le meurtre de la vieille tante pour lui piquer son bas de laine.  Pourquoi pas sauf que Frank est mariée avec Jeanne. Jeanne n'est pas facile à vivre. Paumée, elle vivote dans un triste pavillon, et le ménage n'est pas son fort. Sa principale occupation est de traîner en robe de chambre et d'écouter la radio et son déluge d'horribles tubes, dont Alain CORNEAU semble avoir fait une compilation. Cette soupe ajoute à l'impression de tristesse, de désespoir en résonnant dans la salle de bain où le couple se déchire. Jeanne est une femme enfant, indécise, où Myriam BOYER donne l'occasion de laisser éclater son talent. Jeanne plaque Frank qui, libre, organise le meurtre de la vieille tante en manipulant un boxeur, une pauvre cloche.

    Frank et Mona pourraient laisser éclater leur amour, si Jeanne ne revenait pas par surprise toute amourachée. Dans un accès de folie, Frank l'étouffe. Et revoici STAPLIN qui a compris que Frank avait tué et volé la vieille dame et vient récupérer le butin sous peine de le dénoncer. Une joute d'acteur jouissive a lieu où Frank demande à Staplin de lui laisser un peu d'argent et celui-ci explique que ce n'est pas raisonnable tout en prenant des gifles de la part de Frank. Sans un sou, Frank rejoint Mona: tout va bien.

    Film désespéré, la bande originale aurait pu être "Noir c'est noir". Mais il reste de l'espoir: l'amour fou entre Frank et Mona. Dans une scène poignante, Frank hurle son amour pour Mona après s'être cogné le crâne contre le capot de sa voiture. Elle le couvre de baisers pour le réconforter sans un mot. Une scène d'autant plus poignante quand on songe au destin tragique des deux acteurs. Marie TRINTIGNANT irradie le film de sa beauté, de son regard. DEWAERE donne une leçon digne de l'actor's  studio, tant il est habité par ce film qui va laisser des traces profondes en lui. Lorsqu'il se cogne la tête sur le capot de sa voiture ce n'est pas du chiqué. Lorsqu'il tue Jeanne, il reste traumatisé par cette scène et raconte à ses proches combien il est difficile de tuer, comme s'il l'avait vraiment vécu.

    Le film contient de grandes scènes frappantes et des dialogues dignes des romans ""série noire" les meilleurs. On retiendra un dialogue hallucinant entre la tante de Mona et Frank qui hésite un peu à passer à l'acte. Venant en pleine nuit, la tante l'accueille et lui demande de lui apporter un beau manteau. Elle précise que la petite dort en haut, et que c'est pratique. Elle lui dit que pendant qu'elle enfilera le manteau, il enfilera la petite. Cela déclenche une crise de rage chez Frank qui la tue...

    Le film extrêmement difficile, mais un des meilleurs de l'année est diversement accueilli par la critique, certains sont enthousiastes, d'autres non...  Après une sortie moyenne à Paris, le film résiste plutôt bien et stoppe sa carrière autour des 300 000 entrées à Paris, correct sans plus. En province, le ton désabusé des banlieues parisiennes n'attire pas le très grand public.

    La performance de DEWAERE ne passe pas inaperçue, même si des critiques parlent de 'one-man-show'. L'acteur nominé au CESAR du meilleur acteur sera battu par Claude Brasseur pour "La guerre des  polices". Quelque part, ça fait peur.

    Dans un ton totalement à l'opposé de "Coup de tête", DEWAERE réalise le même nombre de spectateurs. Deux résultats décevants, mais deux films devenus des classiques.   

    Le temps a donné au film un label de classique du polar à la française. Tant mieux. Frank et Mona, nos "Sailor et Lula" français hantent nos souvenirs pour longtemps encore.            

     

     

    CATEGORIE

    RANG

    NOMBRE

    SALLES

    ENTREES FRANCE

     

    890 578

     

    ENTREES PARIS BANLIEUE

     

    321 886

     

     

     

     

     

    1ère semaine

    4

    72 122

    19

    2ème semaine

    2

    49 873

     

    3ème semaine

    3

    35 833

     

    4ème semaine

    3

    39 235

     

    5ème semaine

    6

    36 444

     

    6ème semaine

    8

    23 126

     

    7ème semaine

    11

    16 903

     

    Nombre de semaines Paris

     

    20

     

    Moyenne salles Paris 1ère sem

     

    3 796

     

    Budget

     

     

     

    Box office annuel FRANCE

     

     

     

    Box office annuel Espagne

     

     

     

    Box office annuel Italien

     

     

     

    Cote du succès

     

    * *

     

     

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