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LA VIEILLE FILLE
5 JANVIER 1972
Réalisation
Jean-Pierre BLANC
Scénario
Jean-Pierre BLANC
Photographie
Pierre LHOMME
Musique
Michel LEGRAND
Production
Ralph BAUM
Distribution
VALORIA FILMS
Tournage
04/05/71-22/06/71
Durée
85 minutes
Murielle
Annie GIRARDOT
Gabriel
Philippe NOIRET
Vicka
Marthe KELLER
Monod
Michael LONSDALE
Edith
Edith SCOB
Clotilde
Catherine SAMIE
Alors qu'il partait en vacances en Espagne, avec bagages et rêves de conquêtes faciles, le quadragénaire Gabriel Marcassus voit sa voiture tomber en panne. Huit jours de réparation. Le voilà contraint de les passer dans cette petite station de bord de mer du sud de la France. Au restaurant de l'hôtel, il lie connaissance avec Muriel Bouchon, jeune femme de trente-cinq ans, effacée, presque volontairement terne, farouche même. Au fil des jours, ils vont rapprocher leurs deux solitudes, avec la même gaucherie, la même défiance, côtoyant le petit monde de l'hôtel : Vicka, la soubrette délurée, qui invite Gabriel à une promenade en voiture puis fait irruption dans sa chambre d'une drôle de manière; un maître d'hôtel et un réceptionniste coureurs de jupons; Clotilde, l'étrange bagagiste -, le pasteur Monod et sa femme Edith, mystique hystérique, qui proposent une soirée de musique religieuse au cours de laquelle s'affirme davantage le sentiment né entre Muriel et Gabriel sans que pour autant ils osent se l'avouer. Ses vacances terminées, Muriel doit rentrer à Paris. Gabriel la conduit à la gare. Va-t-il la laisser partir sans espoir de la revoir ? Il lui demande comment la recontacter. Elle ne répond pas, mais monte dans le train en lui glissant un petit agenda entre les mains. Seul sur le quai, Gabriel ouvre le carnet : Muriet y a noté son adresse.
Annie GIRARDOT vient de triompher avec "Mourir d'aimer". Elle est de plus en plus sollicitée et 1972 la verra très présente sur les écrans. Elle ne sait pas dire non et il faut dire qu'elle profite de ce gain de popularité qui la place tout en haut du box office. Evidemment lorsqu'elle accepte un film, le financement en devient plus aisé. Et il faut bien la présence de la star accompagnée de Philippe NOIRET pour convaincre le producteur Ralph BAUM d'investir dans une comédie réalisée par un quasi inconnu Jean-Pierre BLANC. A l'instar de Joël SERIA, c'est un réalisateur rare qui possède la double casquette de réalisateur / scénariste. Il possède son univers bien à lui et va livrer une comédie atypique.
Est-ce une satire sociale ? Est-ce un film romantique sur la rencontre entre deux êtres que rien ne semble prédestiner à se connaitre ? Un peu des deux en fait .
Le hasard fait que la voiture de Gabriel, joué par un Philippe NOIRET en grande forme, tombe en panne sur la côte française proche de l'Espagne. Gabriel comptait passer de bonnes vacances en Espagne, mais il doit faire escale pour une journée dans un petit hôtel miteux de la côte. L'accueil n'est pas fameux, que ce soit le réceptionniste où bien la femme à tout faire de l'hôtel, joué par une Catherine SAMIE très rigolote comme d'habitude. La chambre de Gabriel est très sobre. Le téléphone est purement décoratif, il n y a pas de balcon, bref c'est pas génial. Mais Gabriel va découvrir que l' hôtel possède un atout insoupçonné: Vicka sa femme de chambre. C'est la jeune et très bandatoire Marthe KELLER qui éclate à l'écran ; Sexy, espiègle, allumeuse, elle fait exprès de jouer sur les mots pour évoquer le sexe. Gabriel, macho de petite envergure en est tout retourné.
Le soir il doit se restaurer dans la petite salle bondée de l'hôtel. N'ayant pas de place, le gérant joué par un Jean Pierre DARRAS lui aussi en bonne forme, propose à une femme seule d'accepter un compagnon de table. Cette personne c'est Murielle jouée par Annie GIRARDOT. Elle n'aime pas cela manger en tête à tête. le spectateur l'a déjà aperçue sur la plage de galets se baigner et se changer dans son coin, seule. C'est une vieille fille.
Le réalisateur s'attarde sur l'assemblée. Murielle et Gabrielle se regardent, s'observent du coin de l'œil, sans échanger un mot. Ils mangent des plats peu appétissants en fait. ce n'est pas la grande cuisine.
Pendant ce temps un couple arrive à l'hôtel. C'est un pasteur joué par un Michael LONSDALE toujours aussi indéchiffrable et sa femme, une hystérique exaltée. Une fois Murielle partie, c'est le pasteur qui prend sa place, sans qu'une conversation s'engage.
Le lendemain matin, Gabriel est réveillée par Vicka. Toujours aussi torride, elle rend Gabriel complètement timide. Un réveil tonique qui exige un petit bain de mer pour faire retomber la tension surtout que sa voiture ne veut toujours pas démarrer, son séjour risque de se prolonger. Sur la plage Gabriel retrouve Murielle, ce qui agace visiblement celle-ci. Il la colle un peu et comme elle ne veut pas établir le contact, et bien fatalement les approches de Gabriel, banales, tombent à plat.
Ils mangent à des tables séparés, et Gabriel fait un peu plus connaissance du pasteur et de sa femme. Ils doivent se rendre à un concert de musique sacrée et ils invitent Gabriel à cette occasion et bien sûr Murielle, qui espérait se faire de plus en plus petite, mais elle sera quelque peu obligée de se mêler aux autres.
Les jours s'écoulent paisiblement, et le réalisateur poursuit sa description de petites scénettes. Chaque matin Vicka réveille Gabriel avec le sourire. Un matin elle demande à Gabriel d'utiliser son bidet pour un petit besoin naturel. En fait de son lit Gabriel entend le jet de la jeune femme qui s'écoule longtemps, très longtemps ce qui le fait pouffer de rire. Voilà, c'est un peu cela le film. La remplaçante de Vicka se fait culbuter par le gérant où la gouvernante. Elle dit à Gabriel qu'il n'a qu'à se servir avec elle, comme tout le monde. Bref, le portrait des divers personnages n'est pas toujours très positif.... Les plus inquiétants sont le pasteur et sa femme, surtout cette dernière. Elle rentre en catalepsie ce qui fait croire à Vicka qu'elle est morte sur son lit devant son mari impassible. Mais non, elle est en transe et elle porte parfois les stigmates du Christ sur son corps. Le pasteur reste impassible. Bref, un joli couple de barjots.
Au milieu de toutes ces petites scènes dérangeantes, curieuses ou drôles, le duo Murielle / Gabriel commence à communiquer par petites touches. D'abord quelques banalités, puis quelques rires. Seuls au milieu de l'eau, Gabriel ose poser quelques questions intimes à Murielle qui réagit mal. Elle se sent espionnée, mai avoue qu'elle est seule et qu'elle se sent laide. La glace se brise petit à petit, et les deux semblent s'apprécier au cours d'une sortie commune avec le pasteur. Mais le séjour s'achève et Gabriel accompagne Murielle à la gare. Les adieux sont pudiques. Gabriel a bien fait comprendre à Murielle qu'elle ne le laissait pas insensible, mais la réciproque ne semble pas vraie. et pourtant Murielle lui a laissé un petit carnet où se trouve son adresse à Paris. Il ne tient qu'à eux de se revoir....
Jean-Pierre BLANC réalise un film qui s'inspire des techniques de Jacques TATI sur la forme. Des petits tableaux qui s'enchaînent, le sens du détails, la traque des petites manies ou travers des gens. Une importance donnée au silences.
Un film choral qui annonce les futurs "Hôtel de la plage" et autres....
Bien sûr le film ne serait pas si sympathique sans la qualité de sa distribution. Annie GIRARDOT et Philippe NOIRET apportent toute leur sensibilité pour composer des personnages timides, sauvages. Des gens de tous les jours, avec leurs petits défauts. Philippe NOIRET est excellent quand il joue le gros bébé intimidé par la jolie femme de chambre.
Les autres acteurs sont de la même veine. Michael LONSDALE va retrouver Georges LAUTNER pour "Il était une fois un flic" et la ravissante Marthe KELLER va connaître un beau succès avec "Elle court, elle court la banlieue".
Le film qui possède de très bonnes critiques sort à une bonne date, juste en début d'année. Le résultat est fort honorable mais cependant le film doit composer avec les ténors de la fin d'année 1971 qui ne comptent pas laisser leur domination au box office dont "Les bidasses en folie" qui caracole en tête. Dans ces conditions une jolie quatrième place au box office parisien lors de sa sortie aurait déjà été satisfaisant. C'est sans compter le bouche à oreille qui lui permet de conserver ses spectateurs en seconde semaine. Le petit phénomène est né: le film va rester 9 semaines dans le top 10 parisien et devenir un des plus beaux succès de l'année.
Parti pour être un succès d'estime, le film réunit plus de 600 000 spectateurs à Paris, ce succès étant confirmé dans une moindre mesure en France avec 1.9 millions de spectateurs.
Le couple GIRARDOT / NOIRET sort grandi de ce film et hasard du calendrier, les spectateurs n'auront pas longtemps à attendre pour les revoir ensemble dans "La Mandarine" qui sort quelques semaines après. Les deux se retrouveront en 1978 pour "Tendre Poulet". Cela reste un des plus beaux couple d'acteurs du cinéma.
Jean-Pierre BLANC a donc réussit un petit coup de maître pour son coup d'essai, qui hélas, ne sera pas renouvelé dans le futur, même s'il retrouvera Annie GIRARDOT....
COTE DU FILM : 7/10
CATEGORIE
RANG
NOMBRE
SALLES
ENTREES FRANCE
1 889 299
ENTREES PARIS BANLIEUE
612 945
Détail entrées Paris
1ère semaine
4
57 040
7
2ème semaine
4
57 158
3ème semaine
6
47 289
4ème semaine
6
39 329
5ème semaine
4
37 557
6ème semaine
6
43 294
7ème semaine
7
34 588
8ème semaine
8
27 193
9ème semaine
9
25 483
Nombre de semaines Paris
18
Moyenne salles Paris 1ère sem
8 149
1er jour Paris
Budget
Box office annuel Allemagne
Box office annuel Espagne
456 328
Box office annuel Italien
Cote du succès
* *
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